Les abeilles - Éthologie - 1 -
C'est REAUMUR qui créa le premier l'éthologie à propos
des abeilles et qui eut,
après ARISTOTE, la première intuition sur la parthénogenèse.
C'est DZIERZON, apiculteur-naturaliste de Silésie
qui découvrit la parthénogénèse facultative normale chez les abeilles.
Abeille faisant une récolte de pollen sur un ciste cotonneux en Provence.
23 Royales dans une ruche !
Un biologiste français, le docteur M. MATHIS de l'institut Pasteur de Tunis, a réussi à faire nourrir 23 reines par les habitants de la même ruche à feuillets (genre HUBER) d'abeilles «Apis mellifica» variété «Punica».
Ce résultat n'a pu être obtenu qu'en provoquant par deux «orphelinages» successifs un nouveau reflexe éducateur, qui modifie radicalement le comportement habituel des abeilles. (source : collection revue «Science et vie», septembre 1948, nr.372, par Georges PAULET)
Guidage précis par la danse, le son et l'odeur.
* «Pendant longtemps on a cru que les abeilles communiquaient entre elles que par le geste ou, plus exactement, en exécutant des danses soigneusement réglées et précises (VON FRISCH, 1920).
Bien que la valeur de ces ballets plein de sens ne soit toujours pas discutée, on sait aujourd'hui qu'elles joignent la parole au geste, ou plus exactement qu'elles émettent des messages sonores.
Ceux-ci permettent aux abeilles de faire connaître des renseignements précis sur les sources de nourriture qu'elles ont découvertes.
Ce sont vraisemblablement les antennes qui sont l'organe de cette communication.
Mais elles font aussi appel aux odeurs pour échanger des informations entre elles.
c'est donc à trois niveaux que se situe ce qu'on a appelé le langage des abeilles.
De récents travaux permettent enfin de dévoiler un peu leur mystère.»
(M.C.BUSNEL, maître de recherche à l' INRA).
* Capable d'identifier le moindre principe actif d'une molécule odorante, diffusant elles-mêmes des substances qui sont autant de messages de sexualité, d'alarme ou de marquages, les abeilles ont atteint au plus haut niveau de la communication olfactive («fabuleux insectes» in «Science et vie» HS entomologie 1987)
* Si l'homme trouve insolite les moyens de communication des abeilles qui se palpent le corps, les antennes, émettent des phéromones (ou phéro-hormones) et dansent en rond , qu'en est-il quand on voit le moyen de se saluer des tibétains : ils ôtent leur chapeau, tirent la langue et se grattent l'oreille droite, tout cela en même temps ! (source : Alexandra David Néel, voir biblio).
* Les abeilles ont la mémoire des odeurs et du temps, la mémoire d'un lieu (voir mes observations).
* Chez les abeilles, les organes du goût se trouvent sur les antennes et les tarses.
* Comparées à l'homme, il faut donner aux abeilles une solution sucrée d'une concentration 10 fois supérieure pour qu'elles en perçoivent le goût ! (Von Frisch).
La sensibilité de l'abeille est du même ordre de grandeur que celle de l'homme pour les substances à goût salé et pour les acides ; en revanche, l'abeille est nettement moins sensible aux corps amers.
* On constate que les capacités olfactives de l'abeille est tout à fait comparable à celles de l'homme et tiennent sans doute un rôle très important dans la recherche alimentaire (E.BAUMGARDT, voir biblio)
Sur le sens olfactif...
J’ai mis du très bon miel parfumé (AOC de Corse !) sur une soucoupe au milieu de rares fleurs mellifères par temps de disette, les abeilles ne l’ont pas trouvé.
C’est par le plus grand des hasards qu’elles le trouvent, ou si je leur pose la langue dessus ! Et cela à plusieurs reprises…
Un "nez" !
Parmi 34 sucres et substances voisines, 30 nous paraissent sucrées mais seulement 9 le sont pour l'abeille, substances qui sont d'ailleurs présentes dans leur nourriture naturelle. Le sens de l'odorat chez l'abeille a été clairement prouvé par LEFEBVRE en 1838.
Elle peut, par exemple, distinguer une essence d'orange parmi 43 autres huiles volatiles et son acuité olfactive ne semble pas très différente de celle de l'homme (WIGGLESWORTH, voir bibliographie)
- Travaux et expériences de WENNER et de son élève JOHNSON aux USA, ESCH en Allemagne et du professeur LOBASHEW en Russie. (source : revue «Science et Avenir» Nr. 252, février 1968).
Odeur : perception spatiale d'un message olfactif.
PARASITE & ENNEMI
- «Aethina tumida» est un scarabée parasite des abeilles. Elles ne peuvent s'en débarrasser parce que cet insecte est insensible à leurs piqûres.
En Afrique du Sud, les abeilles ont trouvé la parade : elles enveloppent le vivant scarabée dans du propolis !
- «Philanthus triangulum» est une guêpe solitaire des sables qui attaque uniquement les abeilles.
Ce fut le premier insecte que Niko Tinbergen étudia dans le Hulshorst en Hollande. Cette guêpe repère l'abeille par l'odeur.
CHROMATIQUE
- Il est difficile d'affirmer qu'un animal perçoit les mêmes qualités chromatiques que nous. C'est pourquoi nous avons usé systématiquement des guillemets lorsque nous disions que l'abeille percevait le "rouge" ou le "jaune". (J-C.FILLIOUX, voir biblio)
- Beaucoup de fleurs que nous croyons rouges comme celles des bruyères, du trèfle incarnat, des rhododendrons et des cyclamens sont en fait plus pourpre que rouges ; les abeilles n'y voient que le bleu qu'elles contiennent et les visitent comme des fleurs bleues ! (J-M.PELT, voir biblio)
NDLR : Personnellement, sur la nappe de coquelicots qui fleurit sur mon terrain, je n'ai jamais vu des abeilles butiner sur ces fleurs. Par contre, elles sont très visitées par les bourdons des prés (Bombus pratorum) , quoique la distinction entre bourdons des champs, bourdons des prés, bourdons des jardins et bourdons des bois soit assez difficile sans recourir à la loupe, donc sans les tuer pour les distinguer. Bourdons qui, quelle que soit l'espèce, semblent avoir une autre vision de cette fleur que l'abeille... mais cela peut aussi vouloir dire qu'à l'époque des coquelicots les abeilles, qui sont sélectives dans leur choix de l'espèce à butiner, ont d'autres plantes plus attractives à visiter.
- Les abeilles sont attirées par l'iridescence des fleurs, qui dépend de la structure de la surface des pétales. Elle les attire plus que les couleurs.
(Science et vie, nr. 1098, mars 2009)
Pour qui travaille l'abeille ?
À en croire certains sociobiologistes, les abeilles, travailleuses infatigables et modèles de dévouement altruiste, sont en définitive bien plus égoïstes qu'il n'y paraît.
Ainsi, elles nourriraient préférentiellement leurs soeurs, qu'elles reconnaîtraient parmi les dizaines de milliers d'individus que compte une ruche («Science et vie» Nr.879, 1990)
La polarisation
est une des caractéristiques de l'onde lumineuse, invisible à nos yeux : elle détermine en quelque sorte le plan dans lequel se font les oscillations de l'onde.
Le principe de la lumière polarisée à laquelle sont sensibles les abeilles a été découvert en 1815 par le physicien écossais David BREWSTER.
Comment l'abeille interprète la lumière polarisée :
Dans les yeux à facettes de l'abeille, les bâtonnets conducteurs de lumière apparaissent comme un "casier à bouteilles", tuyaux vitreux de 60 millionièmes de millimètre de diamètre accolés avec la cellule visuelle qui correspond.
Ces minuscules tuyaux microscopiques et parallèles renferment une substance optique qui transforme la lumière en stimulation nerveuse.
Si l'on prend la coupe, transversale d'un oeil simple avec ses huit bâtonnets, les couches des petits tuyaux ("les bouteilles") ne sont pas disposées dans le même sens.
La lumière polarisée vibre dans le sens des couches superposées d'un petit tuyau, les quatre cellules visuelles qui lui appartiennent sont excitées au maximum et les autres très peu.
Une partie des cellules voit "clair" et l'autre "sombre". cela suffit pour définir en gros le sens de la polarisation.
L'action conjuguée de plusieurs yeux simples voisins permet ensuite de se définir plus précisément.
Source : docteurs T.H.GOLDSMITH et D.E.PHILPOTT «The microstructure of the compound eyes on insects». 1957
In «Le merveilleux dans le règne animal» de V.B.DRÖSCHER.
Génétique :
* Le génome de l'abeille domestique "Api mellifera" a été décrypté en mars 2006 par plus d'une centaine de scientifiques.
* L'abeille méllifère aurait un hétérochromosome (chromosome Y) mais la chose n'est pas certaine (1976). Les hyménoptères n'ont pas d'hétérochromosome.
* Les cellules reproductrices de l'abeille (ovule, élément mâle) portent chacun 16 chromosomes.
L'oeuf fécondé en contient 32, et c'est le même nombre que l'on trouve dans toutes les cellules de l'abeille femelle.
Les bourdons se développent avec 16 chromosomes seulement.
Une objection à cette théorie, suivant Jules CARLES (voir bibliographie), objection encore irrésolue (1963), vient de ce que dans les hybridations les mâles devraient toujours être du type permanent maternel, puisque les oeufs proviennent de la seule mère et ne sont pas fécondés : or, une partie des mâles semble assez souvent hériter des caractères nettement paternels !
Quoi qu'il en soit, ce type de parthénogénèse facultative arrhénotoque est assez répandue chez les hyménoptères.
* «...dans les cellules des mâles chez les fourmis, les abeilles et les guêpes, les chromosomes de sont pas organisés par paires et ne possèdent que le stock transmis par la mère.
Les mâles n'ont donc pas de père, et leurs cellules contiennent donc moitié moins de chromosomes que chez les femelles... ce système génétique peu courant est appelé l'haphodiploïdie.» (S.J. GOULD, voir biblio)
Haplodiploïdie : mécanisme de déterminisme de la sexualité qui caractérise tous les hyménoptères. Ces insectes ne possèdent pas de chromosome X et Y.
C'est le nombre global des chromosomes qui détermine le sexe.
La femelle est diploïde (2 n) et le mâle haploïde (n).
NDLR : Suivant GOULD, la fougère «Ophioglossum réticulatum» possède 630 paires de chromosomes et la fourmi... une !
Rappelons que l'homme en possède 23 paires. Cela laisse rêveur.
Similitude de comportement :
«On admet en général, depuis les observations de l'italien JUCCI sur les termites Flavicolle et Lucifuge, que l'élection des nymphes de seconde ou de troisième forme à la fonction reproductrice est le résultat d'une alimentation spéciale... on pourrait donc comparer l'action de l'aliment stomodéal servi par les termites aux nymphes élues à celle de la gelée royale que les abeilles offrent à leurs futures reines.» (Jean de FEYTAUD, voir bilblio)
NDLR : il y a une autre théorie.
"Similitudes entre choses dissemblables
aux yeux du commun des mortels."
D'ARCY Thompson WENTWORTH. professeur à l'université de Saint-Andrews en Ecosse, au début du XXe siècle.
Des alvéoles d'abeilles aux bulles de savon, il a multiplié les parentés inattendues
Surface : l'hexagone.
«Prenez une bulle de savon. Elle va forcément adopter la forme qui lui permet de minimiser sa surface, et donc les tensions entre ses molécules.
Isolée, elle prendra alors la forme d'une sphère.
Mais lorsque plusieurs bulles de même taille sont entassées, elles se mettent spontanément en hexagone.
La raison est d'ordre mathématique ; les structures hexagonales permettent de recouvrir un plan avec des cellules de surface identique en minimisant la longueur des frontières.
On comprend alors mieux pourquoi les ruches regorgent d'hexagones : puisque la chaleur dégagée par ces insectes au travail ramollit la cire et la met dans un état semi-fluide assez proche de celui des bulles, il suffit que les abeilles construisent des cellules à peu près rondes et de la même taille pour qu'émergent des hexagones.»
Source : revue «Science et vie», supplément gratuit au nr. 1067 d'août 2006. "Le monde comme vous ne l'avez jamais vu"
Il n'y a pas que les abeilles qui construisent des alvéoles hexagonales.
Les guêpes aussi.
Ici un nid abandonné de Polistes méridionales (Polistes nympha Chr).
Ce nid est souvent aérien et attaché au support par un pédoncule.
L'apparence du monde échappe au consensus :
«S'imaginer, par exemple, que l'on peut se représenter ce que voit une abeille sous prétexte que l'on connait l'organisation de ses yeux et son spectre de sensibilité visuelle est une sorte de leurre anthropomorphique.
Cela revient en effet à imaginer ce que verrait une abeille si ses yeux étaient connectés à un cerveau humain.
Drôles de chimères sensorielles !
Si l'on voit avec ses yeux, on voit aussi avec son cerveau.
Et le cerveau de l'abeille est évidemment fort différent du cerveau humain, même si les deux sont faits de neurones. » («La stratégie du caméléon», J-F.BOUVET)
Insolite !
Chez les insectes mordre son prochain peut être une forme de communication.
L'éthologue américain Sean O'DONNELL a découvert le rôle de ce comportement chez les abeilles : inciter les "feignants" à se mettre au travail !
En retirant les butineuses actives d'une colonie de "Polybia occidentalis" il a observé que les matériaux vitaux se faisant rares, les ouvrières se mettaient à mordre les butineuses habituées à rester au nid pour les forcer à travailler. (E.H) (Revue «Science et Vie», Nr. 1065, juin 2006)
Je fus fort étonné quand les lavandes furent venues...
...de ne voir presque pas d'abeilles sur leurs épis fleuris.
Je sais maintenant pourquoi : sur la façade sud de ma maison grimpe une vigne semi vierge dont je ne connais pas l'espèce.
Elle produit de toutes petites grappes de quelques grains de couleur bleuâtre (comme le prunellier) et, vers la fin juin, de minuscules fleurs jaunes.
Ce sont ces minuscules fleurs qu'ont choisi mes abeilles de préférence aux lavandes pour y butiner le pollen et de la miélure !
Elles sont d'ailleurs accompagnées de bourdons et de colonies de fourmis
Vision dynamique :
La faible acuité visuelle des insectes est partiellement compensée par un grand pouvoir de résolution dans le temps : leur fréquence de fusion ne sont pas, comme chez les vertébrés, de l'ordre de quelques dizaines par seconde, mais peuvent atteindre trois cents.
L'abeille peut distinguer des variations rapides de stimulations visuelles, telles qu'elles se présentent justement pendant son vol, lui-même très rapide.
Plus le champ de vision d'une ommatidie est étendu, plus est élevée la vitesse de vol permettant encore une résolution satisfaisante, la fréquence de fusion étant élevée mais toutefois limitée par les propriétés du système nerveux.
Ainsi, l'ommatidie* de l'oeil de l'abeille est allongée dans la direction horizontale (direction du vol) et rétrécie dans la direction verticale. (E.BAUMGARDT, voir bilio)
*Ommatidie : chaque facette de l'oeil composé d'un insecte.
Pour se repérer, les objets en relief sont plus provoquants pour les abeilles que les objets plats.
À L'HEURE
- Les abeilles ont un sens de l'heure extraordinairement développé et savent exactement à quel moment une fleur qui les intéresse vaut la peine d'être visitée.
- 1955 : une expérience conçue par le savant autrichien Von FRISCH, et seulement réalisée l'an dernier par un de ses élèves, a permis de trancher la question : elle a démontré sans ambiguïté l'existence d'un sens interne de l'heure chez l'abeille. («Science et vie» in HS : «200 ans de science», 1989)
RECHERCHES
En 1927, le biologiste J.B.S. HALDANE écrivait : «Nous serons un jour capable de dire à nos abeilles de féconder tels pommiers, situés à cinq minutes de vol vers le sud-est.
Pour cela, nous aurons probablement besoin d'une maquette d'abeille, capable de mouvements corrects et, peut être, d'émettre le son et l'odeur appropriés.
C'est fait en 1989 ! On a parlé abeille. Grâce à une abeille artificielle, qui bat des ailes et vibre, des chercheurs (Michelsen, Andersen, Kirchner et Lindauer) ont réussi à communiquer avec des abeilles et à leur donner des instructions qu'elles ont exécutées.» («Science et vie», nr.872)
L'OSMOGUIDAGE (Von Frisch)
consiste à distribuer aux abeilles à l'intérieur de la ruche un sirop dans lequel on a fait macérer des fleurs, de trèfle par exemple, pour diriger les abeilles vers un champ de trèfles.
Au niveau de l'atome !
Les atomes de carbone d'une particule de graphite sont disposés en couches superposées, chaque couche formée d'une série de cellules hexagonales accolées les unes au autres comme les cellules d'un gâteau de cire d'abeilles. (J.BRONOWSKI, voir biblio.)
Ectogenèse :
Un jour peut-être quelque savant trouvera le moyen de produire des grands hommes à l'aide d'enfants ordinaires, comme les abeilles transforment leur larve commune en reine à l'aide des aliments qu'elles savent lui préparer (Alexis CARREL)
L'abeille.
Par nos cercles d'essaims la rose est couronnée.
L'air est suave, il faut commencer sa journée ;
Notre labeur est doux , puisqu'il s'achève en miel.
Mouillons-nous, sur les fleurs, aux gouttes d'arc-en-ciel,
Et nous enlèverons dans un vol d'étincelles,
Le poids de la rosée au tulle de nos ailes.
Pierre COURTOIS (voir bibliographie)
Les prémices :
C'est au Dévonien actuel (- 340 à - 280 millions d'années, durée 60 ma) qu'apparaît le sens social chez les insectes.
La régularité de son expansion fait qu'il n'y a pas d'ère des insectes. (E. Basse de MENORVAL)
«Ce qui appelle les insectes, c'est uniquement le pollen et le nectar» -
«Avouons que nous ne savons pas encore en quoi les parfums sont utiles à la fleur.»
(M. MAETERLINCK in «les Annales»1907, Nr. 1243)
Disette :
Dans le Luberon (04), la sécheresse est tellement présente (août 2006) que j'ai observé des abeilles qui essayaient de butiner sur l' éperon, sorte de cornet très nectarifère des ancolies (Aquilegia). Quand on connait la difficulté qu'ont les abeilles pour butiner ce genre de fleurs...
Seuls les bourdons fréquentent ces fleurs en les malmenant. Les abeilles se contentaient de sucer la queue de l'éperon, dépitées ! Photos ci-dessous.
Ce petit bourdon terrestre a courbé l'éperon de l'ancolie
pour le forcer.
Un exemple de confusion
sur le raisonnement collectif des abeilles :
Gaston BONNIER, de l'institut, appâte des abeilles avec du sirop de sucre.
Puis il change la nourriture et présente des gouttes de miel.
Les abeilles, auparavant peu nombreuses, arrivent en masse.
Une fois le miel épuisé, elles reviennent autour de lui, bourdonnantes et furieuses ?
Le comité directeur de la ruche aurait dit : "S'il y a du miel c'est qu'il y a une ruche à piller"
Au bout d'un moment, puisqu'il n'y a plus rien à butiner, tout redevient calme.
Confusion de Mr BONNIER : averties (voir K. Von FRISCH) , je crois plutôt que les abeilles «furieuses» lui tournaient autour pour quémander du miel. (Tiré d'un article de G.BONNIER, in «les Annales», Nr.1257 de 1907).
Voir l'article "le seigneur des abeilles" dans la même catégorie.
Chauffage fleuri :
Les insectes pollinisateurs peuvent évaluer la température d'une fleur à sa couleur. L'insecte butine plutôt les fleurs plus chaudes, et apprend à les reconnaître de loin à leur couleur et à préserver ainsi sa température corporelle. L'expérience des chercheurs de l'université de Cambridge a été effectuée sur des bourdons. (Source : «Science et vie», Nr.1069 - 2006).
Sans doute que l'abeille doit opérer de même...
Déclin des abeilles dans le Nord-Ouest de l'Europe :
Les abeilles sont bien sur le déclin en Europe.
Depuis 1980, la biodiversité des abeilles est en baisse, tout comme les fleurs qui dépendent d'elles pour se reproduire.
Constat établi par l'équipe de Jacobus BIESMEJEIR de l'université de Leeds.
La biodiversité des abeilles diminue de 52% sur les sites britanniques, 67% sur les sites néerlandais.
Aux Pays-Bas, les plantes pollinisées exclusivement par les abeilles reculent.
Le phénomène touche d'autres régions de l'Europe du Nord-Ouest, mais il n'y a pas d'hypothèse sur les raisons de ce déclin. (source : «Science et vie», Nr.1069-2006)
La sociabilisation :
La théorie du super-organisme a été élaborée par William Morton WHEELER (1911) à partir des sociétés d'insectes (abeilles, fourmis, termites, guêpes), leur fonctionnement étant assimilé à celui d'un organisme multicellulaire.
HAMILTON s'est appuyé sur le modèle des insectes sociaux, l'individu stérile mais altruiste assure la propagation de son propre patrimoine héréditaire en favorisant sélectivement la reproduction de congénères fertiles avec lesquels il est apparenté de façon suffisamment étroite.
Grâce à lui, la génétique et le comportement allaient valider le postulat darwinien de la sélection familiale, proposé un siècle plus tôt.
WILSON a perçu les implications du raisonnement d'HAMILTON, celui-ci, pour la première fois, apportait un modèle d'explication génétique à l'apparition du comportement social au cours de l'évolution, «l'évolution génétique du comportement social», soit la théorie de la parentèle.
Les abeilles et les bourdons étant les hyménoptères les plus récents passés à la sociabilisation.
Sur les 27.500 espèces d'hyménoptères que comptent probablement cet ordre, 16.500 sont vraiment sociables : 13.500 fourmis, 2500 abeilles et bourdons et 1000 guêpes.
Le coopéron social est apparu chez les insectes il y a 200 millions d'années
(sources : Pierre JAISSON, «La fourmi et le sociobiologiste» , voir bibliographie)
Polyandrie bénéfique :
La reine de la ruche s'accouple avec plusieurs mâles (polyandrie) et sa spermathèque peut contenir jusqu'à 6 millions de spermatozoïdes.
Le mâle en fabrique environ 10 millions.
L'ancêtre de la reine de l'abeille devait être monandre (un seul mâle).
La polyandrie produit un brassage favorisant des prédispositions individuelles différentes mais complémentaires, pour les comportements sociaux essentiels à la survie de la société. Ces données devraient inciter les apiculteurs à veiller encore plus attentivement à la pratique de l'insémination artificielle des jeunes reines pour favoriser l'hétérogénéité génétique. (P.JAISSON, voir bibliographie 2)
L'intelligence en essaim :
Chez les insectes sociaux (abeilles, fourmis, termites), le comportement collectif qui émerge des comportements simples des individus est nommé intelligence en essaim.
Ces phénomènes d'intelligence en essaim sont de plus en plus étudiés en informatique et en robotique, où des systèmes de contrôle centralisés gagnent à être remplacés par d'autres, plus autonomes et plus flexibles, fondés sur les interactions d'éléments simples.
(source : «Pour la science» (scientific american), mai 2000. Eric BONABEAU et Guy THERAULAZ.)
L'éthologie cognitive :
«Notre observation concorde avec celle de J.GOULD et suggère que les abeilles disposent d'une carte géographique cognitive.
Pourquoi ne seraient-elles pas capables, dans certaines limites, de penser ?
Et si les résultats diffèrent selon les abeilles, ne devrait-on pas considérer ces insectes comme individus distincts ?
D'aucuns objecteront qu'il s'agit d'un anthropomorphisme peu fiable : il n'en est rien.
Si nous pensons et si nous descendons d'animaux, alors la pensée doit être un instrument issu de la sélection naturelle.
L'évolution de l'homme est incluse dans l'évolution générale des êtres vivants et n'est pas une oeuvre des «esprits», comme le croyait encore le naturaliste britannique Alfred WALLACE ( 1823-1913)...»
(In revue «Pour la science» - les génies de la science -1983 -voir bibliographie 2)
Cognition :
Les abeilles savent faire la différence entre récompense et punition.
Les abeilles étirent leur trompe et retirent leur dard selon l'odeur présentée, sous l'effet respectivement de l'octopamine et de la dopamine. (Sources : revue «Science et vie», nr.1076 de mai 2007, «frelon tueur» de Marie LESCROART)
Fallait y penser !
Si Karl POPPER ne nie pas le langage des abeilles qui constitue une forme remarquable de communication, il lui reproche ses limites : les abeilles ne peuvent pas mentir !
Calcul ajusté :
Les abeilles surestiment parfois la distance qui sépare la ruche de la source de nectar qu'elles ont repérée : lorsqu'elles reviennent à la ruche en volant contre le vent, elles communiquent ensuite à leurs congénères, par leur danse frétillante, une distance surévaluée.
Plus les efforts furent importants, plus la distance est agrandie.
Trichoderma harzanium :
Pour protéger les fraises de la pourriture grise, les maraîchers doivent investir dans les ruches ! C'est le conseil de chercheurs de l'Université de l'Ohio et de l'Université Cornell (état de New-York).
Il suffit de placer un fongicide à la sortie de la ruche : les abeilles y trempent les pattes et le répandent ensuite sur les plants de fraisier, c'est mieux que la pulvérisation.
Ce produit serait sans danger pour les abeilles... («Science et vie» nr.999, décembre 2000)
FRELON TUEUR D'ABEILLES :
Venu d'Asie, le frelon noir (Vespa velutina) a envahi en quelques mois le Sud-Ouest de la France, où il menace de décimer les ruchers.
Les chercheurs sont actuellement sur la brèche afin d'établir le profil exact de ce super prédateur. Les abeilles organisent d'elles-mêmes la résistance... (Sources : revue «Science et vie», nr.1076 de mai 2007, «frelon tueur» de Marie LESCROART)
Le premier frelon, découvert l'été 2004 dans le Lot-et-Garonne, aurait été ramené de Chine par un horticulteur.
Les abeilles asiatiques «Apis cerana» luttent contre le frelon «Vespa mandarina» en produisant une «boule de chaleur», c'est-à-dire en l'encerclant et en contractant leurs muscles alaires, ce qui fait monter la température à 47° autour du frelon et celui-ci meurt par choc hyper thermique !
Peut-être que nos abeilles «Apis mellifera» apprendront à en faire autant...
NDLR : Notre frelon (Vespa crabro) est un cousin placide et utile.
Introduit intentionnellement en Amérique du Nord pour lutter contre les insectes ravageurs ; il est protégé en Allemagne, sauf en France, bien sûr...
Lire l'article sur les frelons.
Accouplements multiples de la reine :
On pensait que la reine ne s'accouplait qu'une seule fois au cours du vol appelé «vol nuptial» ; on admet maintenant qu'elle subit des accouplements multiples aussi bien pendant le premier vol qu'au cours de sa vie.
La quantité de spermatozoïdes contenus dans son réceptacle séminal ou spermathèque, est, en effet, beaucoup plus grande que celle que peut émettre un mâle (Robert TOCQUET, voir bibliographie)
La glande qui émet des phéromones a été découverte en 1883 par NASSANOF, elle est située entre les deux derniers anneaux abdominaux.
Il existe dans la ruche une défense sociale contre les infections (LAVIE).
La mémoire des abeilles :
"On avait posé en automne, du miel sur une fenêtre, les abeilles y vinrent en foule : on enleva le miel, et le contrevent fut fermé tout l'hiver ; au printemps suivant, lorsqu'on le rouvrit, les abeilles y revinrent, quoiqu'il n'y eût point alors de miel sur la fenêtre... un intervalle de plusieurs mois n'avait point effacé l'impression reçue"(François HUBER, in «Nouvelles observations sur les abeilles», 1814)
Les abeilles découchent !
J'ai pu constater de façon irréfutable qu'à la fin d'une journée très favorable à la miellée, 5000 à 8000 abeilles par ruche restaient sur les fleurs du tournesol toute la nuit pour ne revenir à la ruche que le lendemain vers 9 ou 10 heures.
En cas d'orage, les abeilles ne revenaient pas, créant une sérieuse dépopulation en butineuses (Gil RIVIERE-WEKSTEIN, voir bibliographie)
La OLA protège les abeilles !
Les abeilles géantes d'Asie font la "ola"... pour faire fuir les prédateurs !
Sous la menace d'un bourdon qui approche à moins de 50 cm de leur nid, les insectes lèvent leur abdomen les uns après les autres, enchaînant ainsi des vagues d'une durée moyenne de 700 ms.
L'effet visuel effraie le prédateur qui se détourne alors de sa cible.
Découverte de Gerald KASTBERGER, chercheur autrichien. ("science et vie" - nr .1094.novembre 2008. L.F)
OBSERVATIONS DIVERSES
* Charles MICHENER est le plus grand de nos taxinomistes (classification des espèces) en matière d'abeilles (Gould).
* Les primates, dont l'homme, sont doués d'altruisme. Comportement «noble» qu'on retrouve chez les fourmis et les abeilles.
* La proportion des ganglions cérébroïdes a un rapport de 1/174 chez l'abeille, 1/280 chez la fourmi et 1/3290 chez le hanneton (DUJARDIN)
* Les abeilles découvriraient les points d'eau ou les endroits humides à seulement 4 ou 5 mm selon Mathilde HERTZ.
* Transportées dans des régions où le climat est perpétuellement au beau fixe, les abeilles ne font plus des provisions. À la Barbade (Petites Antilles), autour des raffineries où l'on traite la canne à sucre, les abeilles ne visitent plus les fleurs ! (source M.MAETERLINCK, voir biblio)
* L'acide ceto-9 - décène 2 - transoïque (ainsi que d'autres substances) est l'hormone sociale chez les abeilles.
* Il existe chez les abeilles un langage odorant : elles marquent ce qui les intéresse avec des substances d'acceptation (épagines) - Rémy CHAUVIN
* L'abeille calcule la vitesse de vol au sol et la vitesse de vol loin du sol. Des dispositifs nerveux du cerveau comparent les deux mesures de vitesse et calculent d'après elles l'angle de vol qu'elle doit suivre pour ne pas se laisser détourner. (Herbert HERAN, 1964)
* «L'abeille et la guêpe comptent jusqu'à deux. Pour l'abeille, toutes les figures pleines sont pareilles, les cercles, les carrés, les triangles ou les barres forment une seule classe. Les mêmes figures, mais à l'état de contours, formeraient une autre classe. À l'intérieur d'une classe, l'abeille ne fait aucune distinction, mais toute forme d'une classe est distinguée de toute forme de l'autre» (expériences de Mathilde HERTZ de 1929, in «L'empreinte des sens»).
* «Les biologistes parlent» d'innovation redondante» lorsque la nature produit des éléments reproductibles supplémentaires devenus libres pour accomplir des fonctions nouvelles... Des innovations sociales redondantes se produisirent lorsque les sociétés des termites et des abeilles se scindèrent en ouvrières, soldats et reines.» (Lynn MARGULIS).
* «Même les comportements animaux complexes, la communication et les interactions sociales sont contrôlés par les «champs moteurs». Ceci est particulièrement troublant quand on en vient à l'organisation des fourmis, des abeilles, des guêpes et des termites, qui fait que des individus génétiquement identiques remplissent des rôles tout à fait différents. Le contrôle de cette société par un champ moteur expliquerait comment des insectes peuvent accomplir en parfaite coordination des tâches relativement nouvelles et changer de rôle au sein de la société en cas de besoin.» (Rupert SHELDRAKE, voir bibliographie)
* Les abeilles mesurent l'hygrométrie de l'air (HERZ, 1935)
* La reine des abeilles secrète un parfum (phéromone) qui empêche la maturation des ovaires des fourmis, des mouches, et des termites et tue même les moustiques. Il s'agit donc d'un insecticide à l'usage de la ruche (New scientist.nr 453.1965).
* Si elles empruntent plusieurs fois le même chemin pour aller, par exemple, vers un lieu bien fourni en fleurs, les abeilles préfèrent s'orienter par les reliefs du terrain : arbres, maison, haie, etc plutôt que par la position du soleil.
* Les abeilles mesurent l'angle latéral du soleil, mais pas la hauteur. Les pigeons voyageurs, eux, mesurent les deux.
* Si les abeilles peuvent sortir à l'isotherme avoisinant les 10°, par contre les fourmis sont frileuses. Il leur faut une température comprise entre 15 et 20° pour être actives. Depuis 10 ans j'ai une colonie de fourmis installée sous le toit de mon garage, dans des briques creuses du mur sans doute. Elles sortent dans la première quinzaine du mois de mars.
* «Une espèce de lémures (famille de mammifères quadrumanes) partage son nid avec les abeilles et se nourrit de nectar» (Lynn MARGULIS).
Nota : l'auteur ne dit pas de quel lémure il s'agit et je ne le connais pas.
* "L'abeille et la guêpe comptent jusqu'à deux". Pour l'abeille, toutes les figures pleines sont pareilles, les cercles, les carrés, les triangles ou les barres forment une seule classe.
* Les mêmes figures, mais à l'état de contours, formeraient une autre classe. À l'intérieur d'une classe, l'abeille ne fait aucune distinction, mais toute forme d'une classe est distinguée de toute forme de l'autre» (expériences de Mathilde HERTZ de 1929, in «L'empreinte des sens»).
* «Les biologistes parlent» d'innovation redondante» lorsque la nature produit des éléments reproductibles supplémentaires devenus libres pour accomplir des fonctions nouvelles... Des innovations sociales redondantes se produisirent lorsque les sociétés des termites et des abeilles se scindèrent en ouvrières, soldats et reines.» (Lynn MARGULIS).
* «Même les comportements animaux complexes, la communication et les interactions sociales sont contrôlés par les «champs moteurs».
* Ceci est particulièrement troublant quand on en vient à l'organisation des fourmis, des abeilles, des guêpes et des termites, qui fait que des individus génétiquement identiques remplissent des rôles tout à fait différents.
* Le contrôle de cette société par un champ moteur expliquerait comment des insectes peuvent accomplir en parfaite coordination des tâches relativement nouvelles et changer de rôle au sein de la société en cas de besoin.» (Rupert SHELDRAKE, voir bibliographie)
* La magnétite pourrait expliquer le sens de l'orientation des abeilles («la Recherche» 1984)
* Martin LINDAUER, élève de K.V.FRISCH, démontra que les abeilles étaient sensibles au champ magnétique terrestre.
* Les bourdons des abeilles ont une sorte de mot de passe qui leur permet d'entrer dans n'importe quelle citée, alors que leurs soeurs et même leur reine seraient immédiatement tuées si elles tentaient l'expérience (STUART, voir bibliographie)
* Il ne suffit pas d'avoir lu les auteurs ayant traité des abeilles, il faut les étudier elles-mêmes de nouveau, les suivre avec une grande attention, s'assurer d'abord si tout ce qu'on en dit est vrai (HUBERT)
La naissance d'une abeille (au centre)
et les alvéoles désoperculées et celles à couvain.
Photo N&B 1960