Petite-tortue - Aglaes urticae
La Petite-tortue, un papillon venu du froid*.
Notez le duvet qui couvre son abdomen. Il doit son nom de la ressemblance de ses ailes avec l'écaille de la tortue "Eretmochelys imbricata".
Chez nos voisins : The small tortoiseshell, Kleiner fuchs, Nässelfjäril, Ortiguera.
Plantes-hôtes : ortie, saule, orme, arbres fruitiers, etc
Charge alaire, milligrammes par centimètre carré : 13,0
L'ortie contient un liquide composé de formiate de sodium, d'acétylcholine d'histamine qui est contenu dans la base des poils urticants.
*Un correspond de Haute-Savoie, par exemple, me signale une "petite-tortue" le 14.03.2016 - températures : moins 3/ plus 6.
"La Petite-tortue appartient à cette catégorie de papillons qui, dans leur sève jaunâtre, ont conservé la mémoire des temps héroïques et ne peuvent oublier l'époque glaciaire et ses courts étés.
De nos jours encore, pour lui, l'hiver commence de bonne heure et, déjà en août, il gagne son lieu d'hivernage, bien que, en fait, il n'y soit pas poussé par l'insuffisance de chaleur ou de nourriture.
À la fin de l'époque glaciaire, quand les glaciers rétrogradèrent, il émigra à leur suite, soit en latitude vers le Nord et la Laponie, soit en altitude vers les hauts sommets. C'est ainsi que je l'ai observé à 3200 mètres"
(In "la vie des papillons" de Frédéric SCHNACK -
Editions Stock 1930)
Une chenille de petite-tortue sur une ortie, mais....
...elles préfèrent vivre en communauté pour se protéger des prédateurs.
Mais ces chenilles fréquentent aussi certains arbres à feuilles caduques.
La chrysalide est suspendue aux tiges.
*La feuille de l'ortie contient un véritable cocktail chimique : riche en histamine, formiate de sodium, sérotonine et acétylcholine. Bon appétit !
*La "petite-tortue" montre deux attirances : pour le groupe des couleurs bleu-pourpre et pour celui des jaune-rouge.
* Le pigment rouge est formé à la fois de corps voisins de la bilirubine, de fer, de substances protéiques.
(Dr. Delage "coloration et pigments chez les insectes")
En été sur une centranthe rouge
Etonnant, étrange mais pas surnaturel !
*J'ai trouvé un jour du mois d'avril un papillon "petite tortue" (Aglaes urticae) couché sur le côté au sol sur le tapis de la nef de l'église de mon village, inerte. Ses ailes étaient sèches, un peu translucides et légèrement abîmées. Soit il était entré malencontreusement dans l'édifice pour ne plus pouvoir en ressortir, soit il s'était mis à l'abri pour l'hiver. Mais il ne fait pas chaud l'hiver sous les ogives, le thermomètre y descend bien au-dessous de zéro et les fidèles attendent un chauffage.
j'ai donc ramassé le papillon, je l'ai posé dans le creux de ma main, et m'est venue l'idée d'y souffler mon haleine chaude dessus, rien, mort.
Je suis sorti avec sur le parvis au soleil et je me suis assis sur un banc.
Au bout d'un certain temps, je me suis levé et j'ai jeté la "petite tortue" sur la pelouse.
Elle n'avait pas encore touchée le sol qu'elle prenait son envol vers le ciel bleu ! J'étais ahuri !
Ce papillon avait donc vécu au ralenti pendant plusieurs mois, sans nourriture ni chauffage et dans la pénombre.
Les insectes sont étonnants ! Explication ci-dessous :
*La thermorégulation chez les papillons hivernant, "petite tortue", par exemple :
Chez tous les papillons, le sang coule dans un vaisseau unique qui se dirige de l'abdomen à la tête en passant par le thorax. Il véhicule de la chaleur tout au long de son parcours ; il revient jusqu'à l'abdomen en s'infiltrant dans les tissus.
Le système circulatoire du papillon hivernant comprend deux échangeurs thermiques à contre-courant, l'un situé dans l'abdomen et l'autre dans le thorax. Dans celui de l'abdomen, le sang qui coule du coeur vers l'aorte est froid, alors que celui qui coule en sens opposé, à travers le tissu adjacent, est plus chaud ; la chaleur passe donc du tissu au vaisseau, et ensuite au thorax. L'échangeur thermique du thorax est l'aorte. Comme le sang de la partie descendante de la boucle est plus chaud que celui de la partie montante, la chaleur repart de la partie descendante vers la partie montante.
Chez les grands papillons d'été, la partie descendante de l'aorte est séparée de la portion montante, de sorte que la chaleur est dissipée, certains papillons augmentent la chaleur de leur corps avant de prendre leur envol en faisant vibrer fortement leurs ailes.
(Source : revue "pour la science" - "scientific américan"-
by Bernd HEINRICH nr 116, mai 1987).
*En cas de famine :
En 1348, l'été fut pourri, la pluie tomba de mai jusqu'à la saint Jean le 24 juin. Les orties furent abondantes et servirent de nourriture tout à fait typique au cours de la famine qui suivit.
Communiqué de Noë-conservation avril 2014 :
Il semble que l’année 2013 ait porté chance aux Petites tortues. En effet, depuis le lancement du programme en 2006, ce papillon n'a jamais été aussi abondant qu’au mois d'août 2013. 2535 Petites tortues ont été observées cet été dans toute la France !
À noter que cette espèce présente une progression continue depuis 2010.
Elle est ainsi presque revenue au niveau de sa meilleure année qui est celle de 2006.
"Petite-tortue" sur centranthe rouge le 13.05.2015 - 14 h Migratrice.