TOUS LES MIMÉTISMES
ou l'art de la tromperie et de la dissuasion.
Mimétisme (du mot grec "phasmaé - prodige) :
terme d'histoire naturelle.
Faculté qu'ont certains animaux de prendre une apparence conforme aux objets qui les entourent (E.LITTRE)
Le mimétisme correspond à un système d'interaction entre trois acteurs : le modèle, émetteur de stimulus ; le mime qui plagie le modèle ; le dupe, ennemi ou victime du mime réceptif au stimulus émis par le modèle ; il est trompé, dupé par le mime, parce que celui-ci est la source de stimulus semblable à ceux qu'émet le modèle. (Georges PASTEUR,1995, in "Pour la science")
Dans ma page, par extension, à comprendre dans le sens de moyens de dissimulation, de défense et d'attaque, c'est-à-dire comme moyens de camouflage, leurre, dissuasion etc
Dans la partie de cette page intitulée "ils ont dit..." vous constaterez que tous les scientifiques ne sont pas d'accord sur le mimétisme.
DIFFÉRENTES FORMES DU MIMÉTISME :
DÉFENSIF PROCRYPTIQUE :
couleur identique au support.
Le plus simple : SOMATOLYSE
COLORATION PSEUDO-APOSÉMATIQUE : BATÉSIEN *
* Walter Bates , nommé aussi mimétisme Mertesien
(de Mertens, herpétologiste allemand)
Un insecte inoffensif prend la forme d'un insecte dangereux,
comme le Cténophore jaune (photo).
Ici le Chenophore jaune et son faux dard.
La chenille "Stauropus fag" ou chenille écureuil qui ressemble à une mante religieuse en position d'affût sur son perchoir.
Celui qui l'a baptisée "écureuil" ne devait pas être un bon observateur !
Photo Wikipédia
Une forme du mimétisme batésien :
l'éristale ressemble à l'abeille
et copie ses mouvements en visitant les fleurs
L'éristale imite l'abeille par sa taille, sa couleur
et le son de la fréquence de ses battements d'ailes.
Les oiseaux croient y voir un repas piquant et l'évitent !
COLORATION DISRUPTIVE DE COTT
l'intensité des couleurs éblouit le prédateur
comme les couleurs de "l'écaille chinée" (photo).
Lorsqu'il se sait démasqué, le papillon ouvre brutalement ses ailes antérieures et laisse apparaître les couleurs vives.
Le prédateur, surpris, marque un temps d'arrêt ce qui permet, parfois, à notre papillon de s'envoler. (Augh B.Cott "adoptive coloration in animals" 1940)
La coloration aposématique de l'Écaille chinée
Autre exemple du mimétisme disruptif de Cott
d'un papillon migrateur : la petite tortue.
COLORATION LEURRE DISSUASIVE
Le papillon possède des ocelles qui ressemblent à des yeux , "tiens, mon oeil !".
Le prédateur, un oiseau en général, attaque les ocelles situées en bordure des ailes et ne détruit aucune partie vitale.
Combien de fois voyons-nous ces papillons (Papilio machaon, Flambé) aux ailes mutilées !
Mais ces sacrés prédateurs n'ont pas encore appris à frapper quelques centimètres plus haut.
Les ocelles sont attaquées par les oiseaux mais en fait elles ne sont pas une partie vitale (Swynnerton).
Il y a des papillons qui possède sur les ailes postérieures des ocelles en forme d'yeux dissuasifs. Attaqués, ils ouvrent brusquement les ailes antérieures montrant au prédateur les yeux des ailes postérieures.
Le prédateur, surpris, marque un temps d'arrêt qui permet au papillon de s'enfuir.
Ce que fait , par exemple, le "Paon du jour" (Inachis io).
Les gros "yeux" vus de près.
Brrrr ! Ces gros "yeux" sur les ailes postérieures !
Il est vrai que le prédateur a de quoi être surpris !
Il y manquerait une "bouche" leurre.
Une petite remarque liée aux ocelles :
En ouvrant brusquement ses ailes pour montrer ses "yeux" (ocelles) au prédateur, le grand-paon-de-nuit montre des "yeux" qui ne correspondent pas à ceux de son espèce, à la structure des siens véritables, il expose des yeux de vertébrés !
Le grand-paon-de-nuit ouvre brutalement ses ailes
et montre ses "yeux" qui surprennent le prédateur.
Grand-paon-de-nuit
Toutefois "les ocelles sont des taches qui ressemblent à des yeux.
Ces taches circulaires, fixes et brillantes, constituent un instrument typique de fascination.
Les ocelles ont une puissance fascinatrice, le cercle fixe est naturellement hypnotisant" (R.CAILLOIS)
"Depuis un siècle et demi on explique que les ocelles présentes sur les ailes des papillons (notamment) protègent ceux-ci de prédateurs, qui y voient les yeux de leur propres prédateurs.
Vérification faite par Martin STEVENS et son équipe (Université de Cambridge, Royaume Uni)
Il n'en est rien" (A.FRAVAL in "épingles entomologiques" article nr. 500 - 2008)
"L'expérience mettait "en compétition" des faux-yeux réalistes de prédateurs - de prédateurs de papillons - (comme on n'en voit pas sur les ailes du "paon du jour" ci- dessus) et des marques criardes et grossières (à l'instar des ocelles naturels).
Les premiers ne dissuadent pas les attaquants qui se méfient en revanche des seconds.
Les ocelles jouent aussi un rôle dans le rapprochement des sexes.
Un exemple de la "coloration leurre parasématique" :
le prédateur a attaqué les ocelles de la queue croyant avoir à faire à la tête du flambé.
Il détourne l'attention des prédateurs
de sa tête par une couleur voyante d'un organe qui n'est pas vital
Flambé. Champs, Luberon (04 ) Mai.
Autre astuce :
MIMÉTISME "FAIRE LE MORT" : THANATOSIS
Thanatosis : comportement réflexe de certains insectes pour simuler la mort. "Ces deux phénomènes, tétanos musculaire et atténuation des réflexes, sont également caractéristiques de la catalepsie.
Nous pouvons donc regarder la simulation comme un état cataleptique. C'était le sentiment de FABRE, qui a été suivi sur ce point par HOLMES, par BOHN, et tout récemment par RABAUD, la prétendue simulation est un phénomène de sensibilité différentielle"
E-L.BOUVIER"La vie psychique des insectes", voir bibliographie 2)
"J'ai recueilli des faits précis qui montrent que l'immobilité ne trompe guère les prédateurs" (RABAUD)
L'animal, comme ici sur la photo, une chenille de Lysiocampa trifoli, se laisse tomber au sol et "fait le mort", totalement immobile pendant un long moment. "Faire le mort" est une expression que n'aurait pas apprécié Jean-Henri FABRE, pour qui la notion de mort n'existe pas pour les animaux en général.
Dans le cas de cette chenille, son attitude serait un réflexe d'hypnose par la frayeur ; a moins qu'elle ait conscience de la mort par instinct : un réflexe instinctif de mort provoquant la position immobile.
Chenille de Lysiocampa.
La tactique de "faire le mort"
n'est valable que pour les insectes (mante, par exemple)
qui ne voient qu'à travers le mouvement.
COLORATIONS DÉFENSIVE et OFFENSIVE :
Homochromie : la plus simple.
HOMOCHROMIE, HOMOTYPIE
ou COLORATION CRYPTIQUE
Type de camouflage consistant à ressembler par les couleurs
à l’environnement proche.
La sauterelle verte qui se dissimule dans l'herbe en est un exemple ; la mante qui se dissimule pour surprendre une proie.
L'homochromie ne se manifeste pas si les yeux de l'insecte sont vernis ou garnis d'un cache (SOUCHON)
Homochromie évolutive, périodique ou facultative, action purement automatique commandée par la vision rétinienne la plupart du temps (Pouchel, Poulton, Cope)
Schématiquement, les changements de couleur proviennent de la dispersion ou agrégation des granules de pigment des cellules pigmentaires (chromatophores) sous l'influence d'hormones libérées en fonction de stimulus variés. (Georges PASTEUR)
On a même prétendu que loin de favoriser l'espèce qui la pratique, l'homochromie, et même le mimétisme, la desservent peut-être ne lui donnant l'illusion de la fausse sécurité. (Robert Hardouin)
- LA COLORATION DÉFENSIVE SPÉCIALE
(homochromie, homotypie et homomorphisme) : l'insecte emploie la couleur plus la forme de son support avec une immobilité complète.
Le Phasme de Rossi, Saga pedo et la Feuille-morte du chêne.
Immobilité totale de
Saga pedo
- LA COLORATION OFFENSIVE :
dans ce cas, c'est le prédateur qui se camoufle pour mieux intercepter sa proie.
La mante décolorée et la mante religieuse dans les herbes.
Dissimulée dans un arbuste,
une mante religieuse verte attend une proie
- LA COLORATION OFFENSIVE SPÉCIALE :
elle allie la couleur et la forme, voire reproduit des motifs comme "l'araignée-crabe" cachée au milieu des lavandes
Araignée Napoléon - Synaema globossum - (abdomen jaune) -
cachée dans un pétale de ciste, cousu , attend une proie.
L'emploi d'un outil.
Entorse au règlement qui voudrait qu'elle restât à l'affût dans les pistils !
- LA COLORATION APOSÉMATIQUE ou vexillaire :
les papillons zygènes signalent aux oiseaux qu'ils sont incomestibles (voir exemple ci-dessous).
Leur message se compose de couleurs bien voyantes, chatoyantes, inscrites sur leurs ailes qui veulent dire "attention, danger".
Si l'oiseau ne se souvient pas de l'information, il risque d'avoir une digestion difficile car la chair de ces charmants petits papillons contient de l'acide cyanhydrique, l'un des poisons les plus redoutables que l'on connaisse ! Il est assimilé au venin du cobra.
La répugnance d'un prédateur pour une proie (mimétisme aposématique) s'explique par la transmission de la mémoire, transmission du caractère acquis : l'oiseau apprend à éviter les insectes (papillons, coccinelle, etc) aux couleurs criardes = poison.
"Les points noirs sur leur dos absorbent l'énergie solaire et leur couleur effraie les éventuels prédateurs qui associent, pour la plupart, les couleurs vives au poison.
Les coccinelles produisent aussi une substance chimique qui a un goût et une odeur horribles; de sorte que les prédateurs les laissent tranquilles" (Daniel TAMMET).
La coloration aposématique du zygène :
attention les oiseaux, je suis empoisonné, acide cyanhydrique !
Exemple de Coloration aposematique :
le zygène de la petite coronille "Zygaena fausta fortunata".
Les zygènes émettent au niveau du cou ou du prothorax, un liquide jaune, comme leur sang.
Une très petite quantité de ce liquide injectée dans le bras d'un homme provoque les plus alarmants et les plus graves symptômes.
Leurs tissus contiennent aussi de fortes concentrations d'histamine, ce qui s'observe aussi chez d'autres papillons, et de l'acide cyanhydrique.
(V.B.Wigglesworth)
Une autre forme pour dissuader le prédateur : la chenille de papilio machaon sort son osmétérium d'où émane un liquide à la forte odeur enveloppante (l'acide butyrique qui contient 7 milliards de fois 1 million de molécules pour 1 gramme ! - Karl Dröscher).
"Dans le code des signaux de la vie de chenilles,
- rouge veut probablement dire : je suis venimeuse
- noir : je suis amère
- jaune annonce : mon sang de dragon brûle terriblement
- vert proclame : ne me touche pas, j'ai l'enfer dans les entrailles
- lilas nous dit : je tue
- brun : je ne suis pas une chenille." (Frédéric Schnack)
- LA COULEUR SYNAPOSÉMATIQUE
ou mimétisme müllerien (Fritz MÜLLER)
Anecdote : Fritz MÜLLER, dans la jungle brésilienne, gardait sur lui un papillon "Papilio grayi" pour en respirer de temps en temps le parfum !
Isotypique : la coloration en commun "incommestible" de plusieurs insectes d'espèces différentes. Les longs poils urticants de plusieurs espèces de chenilles, par exemple.
Quand la nature en fait trop !
(désigné en 1873 par Brunner Von Wattenwyl)
HYPERTÉLIE : désigne un insecte qui reproduit son environnement au-delà du but utile.
Le papillon "feuille morte du chêne" par exemple.
Homochromie, plus homotypie, plus homomorphie !
"J'ai en ce moment un spécimen de papillon particulièrement bruyant : un sphinx tête de mort.
Il est conique comme une souris et le son me paraît vocal.
On dit du papillon kalima, lequel ressemble à une feuille morte, qu'il imite la feuille morte.
Mais le sphinx tête de mort imite-t-il les ossements ?"
Charles FORT, in "le matin des magiciens" - Louis PAUWELS/Jacques BERGIER.1960.
"Je soupçonne que les animaux homochromes ou mimétiques, tout au moins les plus parfaits d'entre eux, ne constituent que des hypertélies que la sélection ne peut expliquer" (Remy Chauvin - "vie et moeurs des insectes" 1946)
AUTOTOMIE :
capacité qu'ont certains animaux de perdre une partie de leur corps volontairement, en particulier certains reptiles et invertébrés.
Le cas le plus connu et le plus courant est celui du lézard chez les reptiles
qui s'ampute de sa queue lorsqu'on l'attrape.
Moyen de défense qui consiste pour l'insecte à s'amputer d'une patte pour se libérer lorsqu'il est saisi.
La sauterelle qui s'ampute d'une patte, chez les insectes ;
ainsi que l' Opilion des murailles de la photo (Phalangidae).
L'Opilion des murailles (Opilio parietinus)
emploie l'autotomie pour se débarrasser d'un agresseur.
"Ceux qui désirent sérieusement une explication rationnelle au mimétisme doivent, je pense, arriver à la conclusion que cette ressemblance mimétique, apparemment miraculeuse mais toujours belle et étonnante, et donc probablement toutes les autres sortes d'adaptation dans les êtres vivants, sont produites par des agents semblables à ceux que nous avons vus ici (sélection naturelle)" Walter Bates 1862.
Inversement, dans le mimétisme PEEKANIEN, un prédateur simule un insecte inoffensif pour ses proies.
*Henry Walter BATES "Contribution à l'étude de la faune d'insectes de la vallée de l'Amazone" 1863.
En réalité, les dispositifs de protection des insectes sont excessivement complexes et bien qu'il soit utile de parler de mimétisme batésien et de mimétisme müllerien, il y a toutes les transitions entre ces deux types de processus (J.V.HIGGLESWORTH- voir bibliographie)
La peur du serpent ?
Lorsqu'on dérange la chenille du "Grand sphinx de la vigne"
(Deilephila elpenor) elle rentre sa tête dans le thorax et gonfle ses premiers segments abdominaux qui mettent en relief leurs grandes ocelles.
Ce comportement lui donne l'aspect d'un petit serpent et il peut provoquer la fuite de certains petits prédateurs.
Si l'homme peut y voir un reptile (c'est d'ailleurs évident), est-ce qu'on peut vraiment supposer que la chenille prend cet aspect pour éloigner un prédateur ?
Des reptiles aux lépidoptères il y a un sacré fossé que notre chenille aurait franchi, même si tous les deux rampent au sol !
Il faudrait donc admettre "une réalité transcendante" (Briggs et Peat) qui régit ce mimétisme pseudo-aposématique.
Il pourrait aussi s'agir d'une coïncidence.
La chenille Sphinx de la vigne avec ses "yeux" de serpent !
(photo Jean-Sébastien Carteron IIIkirch-Graffenstaden)
Je reste sceptique.
Comment la nature a t-elle suggéré
cet artifice pour deux espèces lointaines ?
MIMÉTISME VIBRATOIRE : c'est un mimétisme insolite !
Charles DARWIN écrivait en parlant d'une araignée épeire rencontrée en Amérique du sud dans "L'origine des espèces" : "... et si on la dérange encore, elle se livre à une curieuse manoeuvre : placée au centre de la toile, qui est attachée à des branches élastiques, elle l'agite violemment jusqu'à ce qu'elle acquiert un mouvement vibratoire si rapide, que le corps de l'araignée devient indistinct".
Puis, Lucien BERLAND mentionnait également ce fait au sujet d'une araignée pholques "Pholous phalangioides"
Lorsqu'elles sont dérangées, les pholques (araignée) ont l'habitude de faire vibrer leur toile irrégulière et de trembler au point de ne plus être visibles.
Lorsque dans la colline je vis ces araignées se balancer sur leur toile à toute vitesse à mon approche, je ne compris pas tout de suite, jusqu'au jour où je lus les observations de DARWIN et BERLAND.
Tous les deux supposaient que les araignées imprimaient un mouvement vibratoire à leur toile afin de se dissimuler au regard quand elles étaient inquiétées.
Elles font vibrer leur toile, tissée en général pas loin du sol, uniquement lorsqu'on approche, donc qu'elles sentent des vibrations. Elles ne font pas vibrer la toile si elle est construite en hauteur dans les buissons.
CONTRE-TONALITÉ DE THAYER :
L' ombre inversée
Forme de camouflage passif utilisée par de nombreuses espèces de mammifères, de reptiles, d'oiseaux et de poissons.
Cette contre-ombre se traduit par une pigmentation plus sombre sur la face dorsale que sur la face ventrale.
Le principe de la contre-tonalité consiste en ce que les couleurs d'un animal sont distribuées selon une gradation, de façon à contrer les effets de l'ombre et de la lumière.
Thayer découvrit la contre-tonalité qu'il décrivit dans son livre "concealing-coloration in the animal kingdom" (1896) mais il alla trop loin et l'ouvrage resta un monument de déraison !
En effet, il écrivit que les flamants roses étaient de couleur rose pour se confondre avec les teintes du soleil levant et du soleil couchant !
Teddy Roosevelt publia une grande monographie sur la signification évolutive des colorations animales.
Exemple de la contre-tonalité de Thayer :
le papillon sylvandre sur le tronc d'un arbre.
Question : Pourquoi les piérides sont-elles d'un beau blanc lumineux très voyant ? Les ailes blanches des piérides sont dues à des substances isolées, les Ptérines (Leucoptérine) accompagnées d'acide urique, de Xanthine, etc (Wigglesworth)
Sur cette palette de couleurs de la Nature, voyez-vous la punaise ?
ILS ONT DIT...
LE POUR ET LE CONTRE
"...le mimétisme est, à mes yeux, une puérilité.
Si je ne tenais à rester poli, je dirais : c'est une niaiserie ; et l'expression traduirait mieux ma pensée." "Le mimétisme est une illusion que nous ferons bien de rejeter dans l'oubli". In «Souvenirs entomologiques», Jean-Henri FABRE.
NDLR : l'utilité protectrice du camouflage, quoique fort séduisant, paraît bien n'être qu'anthropomorphisme romancé.
À côté de quelques cas de structures où l'intelligence humaine a beau jeu de trouver une explication plausible, combien l'insecte en offre-t-il qui la laissent déconcertée !" (Jean ROSTAND, voir bibliographie)
"Le mimétisme, corollaire de l'instinct de conservation, plonge des racines profondes dans l'instinct même de la Vie. Il en est inséparable.» In «mimétisme et instinct de défense" (Marcel ROLAND)
"La croissance et le développement de n'importe quel système vivant semble être gouverné par quelqu'un qui serait installé sur l'organisme et en dirigerait tout le programme."
"L'apparition de formes nouvelles pourrait aussi résulter d'une sorte de principe créateur encore inconnu, mais inhérent à la vie ou à l'Univers. Ou bien il pourrait exister un agent conscient ou une réalité transcendante supervisant la totalité de l'Univers, qui créé de nouvelles formes ?" In «L'Univers miroir» de J.BRIGGS et D.PEAT.
"Mais cette querelle (sur le mimétisme) est aujourd'hui historique et le problème presque classé.
Certains critiques soutiennent encore bravement mais obstinément leur point de vue dans une bataille maintenant sans espoir. Dans un grand nombre de cas, l'hypothèse du camouflage a été soumise à des expériences qui en ont révélé le bien-fondé." In "Carnets d'un naturaliste" Niko TINBERGEN.
"Il semble donc qu'on puisse assurer que si homochromie, homotypie et mimétisme sont des faits indiscutables, à notre oeil tout au moins, leur valeur en tant que moyen de protection est extrêmement faible, sinon nulle. " In "La vie des sauterelles", L. CHOPARD.
"Les biologistes s'en doutaient, mais la preuve est maintenant faites : le papillon "Paon du jour" (Inachis io) effraie ses prédateurs en ouvrant ses ailes ornées de quatre taches ressemblant à de gros yeux menaçants (photo page précédente intitulée "tiens, mon oeil !"). Le bluff est donc efficace" (Science et vie. Août 2005, expérience d'Adrian Vallin, université de Stockholm)
"Transfert d'ADN : et si cela expliquait le mimétisme ?
«Des échanges génétiques entre l'animal et le végétal ? BIRNSTEIL signale déjà un cas qui défit les lois génétiques : c'est la possibilité que certaines plantes aient acquis une partie de leur matériel génétique d'insectes. Et là, c'est absolument vertigineux, puisqu'il ne s'agit pas de transfert entre des invertébrés, comme pour l'oursin ou le mollusque, mais des transferts entre des espèces appartenant cette fois à des règnes différents, de l'animal au végétal. Là, il faut se résoudre à penser l'impensable : à la faveur de circonstances particulières, certains fragments d'ADN pourraient franchir les barrières réputées hermétiques qui séparent règnes, embranchements, classes, ordres, familles..."(Alexandre VAN ZUYLEN in revue «Science et vie»)
Et gènes "sauteurs".
"La capacité d'imitation semble limitée à des espèces et à des genres caractérisés par une grande variabilité génétique. Il n'est pas interdit de penser qu'il existe chez ces papillons (famille des Rhophalocères et certaines familles d'hétérocères) des transposons (ou gènes "sauteurs"), analogues à ceux qui ont été mis en évidence chez les bactéries ou chez la drosophile" (J-L FISCHER et J-G HENROTTE in "Pour la science" - voir bibliographie)
"Il est nécessaire de supposer que les ancêtres des papillons mimétiques aient accidentellement ressemblé au membre d'un autre groupe protégé de la prédation, à un degré de ressemblance suffisant pour que cela leur ait conféré à leur tour quelque légère protection, ceci ayant jeté la base de l'acquisition ultérieure de la plus parfaite des ressemblances." (Charles DARWIN) -
NDLR : "stades initiaux des structures utiles" suivant la définition de la biologie moderne.
"Mais que dit la biologie ? Pour elle, le mimétisme reste une énigme absolue. Il fait partie de ces phénomènes inexplicables qui mettent à l'épreuve la théorie classique de l'évolution par mutation et sélection naturelles."(Jean-Marie PELT, voir bibliographie).
"Il manque à l'évolution son E=MC2, comme la physique moderne a bouleversé l'univers de NEWTON." (Pierre-Jean BERNARD)
"Personne ne soutient sérieusement aujourd'hui qu'un insecte, ou tout autre animal, ressemble à celui dont il fait sa proie, ni inversement, et qu'il y ait dans cette ressemblance un avantage quelconque ; cette notion a été reconnue comme entièrement fausse car elle ne correspond pas à la réalité" (Lucien BERLAND, voir bibliographie).
"Dans un grand nombre de cas l'hypothèse du camouflage a été soumise à des expériences qui en ont révélé le bien fondé - il est quasi absurde de voir dans le camouflage autre chose qu'une adaptation, résultat de la pression exercée par des prédateurs extrêmement habiles. "(N.TINBERGEN, voir biblio)
"Les processus du mimétisme où un individu calque la couleur du sol ou celle d'un autre animal sont aussi purement réflexes et d'origine visuelle." (Paul CHAUCHARD, voir biblio)
"L'anthopomorphisme est peut-être un piège dans l'erreur duquel les hommes de science se laissent parfois glisser" (Roger HEIM)
"Le problème du mimétisme est tout autre que ce qu'on imagine" (Rémy CHAUVIN).
"Parmi les utopies, la simulation de la mort attribuée à l'insecte a fait, et fait encore naïvement l'admiration des paysans de nos contrées" (J-G.MILLET)
"Il y a, dans la concordance entre comportement et coloration, qu'il s'agisse d'homochromie, de coloration aposématique ou d'un autre type de coloration, un ensemble de faits stupéfiants. Une attitude exagérément critique, réaction contre la téléologie "en chambre", minutieuse à l'excès, professée auparavant, avait fait mettre en doute et même nier la valeur de survie de telles adaptations visuelles. Sur la base de données expérimentales récente (SUMNER, 1934,1935 ; ISELEY , 1938 ; DICE, 1947) cette valeur de survie est toutefois établie de manière indiscutable, dans de nombreux cas." (Niko TINBERGEN, voir bibliographie)
"C'est la sélection naturelle qui perfectionne le mimétisme par des variations, car les animaux porteurs de ces variations seraient moins attaqués que ceux qui ne les portent pas, et produiront donc plus de descendants car les tués et les blessés sont moindre que dans le reste de la population (reproduction différentielle)" (G.PASTEUR)
NDLR : j'ai schématisé le texte de l'auteur.
"L'effet protecteur de l'homochromie, du mimétisme et des colorations aposématiques a été démontré par d'innombrables expériences, plus probantes les unes que les autres. Poussés par l'enthousiasme, un certain nombre de biologistes, au siècle dernier et au début de celui-ci (XXeme), ont vu partout homochromie et mimétisme, ce qui est absurde, évidemment - Si l'évolution veut quelque chose, l'homochromie et le mimétisme nous le diront peut-être" (Remy CHAUVIN)
Perfectionnement de la ressemblance (homomorphie) : "L'invisibilité a cependant une limite qui est de se confondre entièrement pour un oeil donné, avec l'environnement, à partir de cette limite, l'invisibilité ne change qu'en cessant d'exister, ce qui nous conduit aux confins de l'absurde" (RABAUD)
"Le mimétisme serait a définir correctement comme une incantation fixée à son point culminant et ayant pris le sorcier à son propre piège" (CAILLOIS)
"Le mimétisme parasitique existe. Incontestable dans ses multiples manifestations, il reste obscurément fermé à toute explication raisonnable" (Robert Hardouin)
"Je suis raisonnablement darwinien. Ce sont les orchidées qui m'ont fait douter. Le hasard ne peut expliquer à lui seul qu'une fleur se grime en insecte. Je ne comprenais pas cette capacité de l'orchidée de façonner un de ses pétales pour qu'il imite un papillon, une guêpe ou une abeille, afin de leurrer l'insecte pour qu'il vienne copuler, puis reparte, saupoudré de pollen, vers une autre orchidée. Je crois qu'il existe dans l'univers, depuis le big-bang jusqu'à l'homme, un processus évolutif qui permet à des éléments simples de s'associer pour former de nouveaux organismes, plus complexes, avec des propriétés nouvelles. Il y a donc une création de variétés qui ne se fait pas seulement par des mutations et des variations, mais par associativité" (J-M PELT, in "Le Point" nr.2143 - octobre 2013)
" Mais, en vérité, les faits se trouvent bien plus naturellement expliqués si l'on tient compte du principe lamarkien de l'action du milieu sur les caractères héréditaires. De même que les colorations homochromes sont des réactions héréditaires des êtres vivants aux excitations lumineuses perçues par les organes visuels, de même les colorations voyantes sont aussi des effets complexes de l'action de la lumière s'exerçant dans les mêmes conditions de milieu sur des organismes différents. Les cas de mimétisme sont causés par le genre de vie du mimant, soumis à des influences identiques subies par le mimé. René Jeannel 1946.
La plupart des naïvetés dont le mimétisme est responsable n'auraient point été émises si on s'était donné la peine de lire la 3eme série des "souvenirs entomologiques" de Jean-Henri FABRE. (Marcel COULON, voir bibliographie 2)
L'homochromie mobile des araignées est certainement intéressante par elle-même, mais son sens biologique nous échappe, s'il en a un (M.THOMAS).
Frédérik Gowland HOPKINS (1861-1947) a suggéré que les pigments utilisés par les espèces mimétiques peuvent être chimiquement très différents de ceux employés par les modèles, bien que les dessins colorés soient très semblables.
Le mimétisme végétal et animal est certainement l'aspect le plus fascinant de l'intelligence de la Nature. Il dénote l'élaboration manifeste de plans devant aboutir à un résultat utile. (José CITA, voir bibliographie 2)
Nous faisons des constats erronés. On s'émerveille de la formidable adaptation du monde vivant, par exemple les yeux dessinés sur les ailes des papillons pour leurrer les prédateurs.
On se dit que c'est trop bien fait, que ça ne peut être dû au hasard (Gérald BRONNER, in "science et vie")
La question du mimétisme, ou plus généralement des colorations animales, est une de celles qui ont fait couler le plus d'encre et qui ont suscité les discussions les plus passionnées chez les biologistes.
Peu d'expériences ont été faites sur le mimétisme vrai ; elles semblent cependant suffisantes pour prouver qu'il existe une protection réelle chez les espèces à coloration voyante et que les prédateurs s'attaquent de préférence aux proies dont les couleurs sont ternes. (Lucien CHOPARD in "la grande énigme du mimétisme", voir bibliographie 2)
Le mimétisme, tout comme le parasitisme, ou toute autre forme d’adaptation, n’a pu apparaître d’emblée ; sa genèse a nécessairement suivi les lois générales de l’évolution.
Cette évolution met ici en cause trois types d’actions : une action sélective liée au système mimétique lui-même, une action génétique impliquant des remaniements chromosomiques², une action éco-éthologique complexe dépendant du milieu ou de l’adaptation à un certain mode de vie. (Yveline LEROY, in «la recherche», voir bibliographie)
Les recherches sur les insectes révèlent la valeur certaine de l'homochromie et de l'homotypie comme caractères de défense à l'égard des oiseaux ; le mimétisme est réel et valable pour les prédateurs comme à nos propres yeux ; mais il faut se garder d'étendre son rôle à des imitations de détail qui n'ont de signification que pour notre esprit (Louis BOUNOURE, professeur à la faculté des sciences de Strasbourg, voir bibliographie 2)
En complément lire la suite de cet article sur
"Mimétismes - suite"
Balades Entomologiques