La COURTILIÈRE (mélodie en sous-sol)
ou Gryllotalpa gryllotalpa ou Gryllotalpa vulgaris.
Du français "courtil", jardin.
Dictyoptère - Orthoptère
Courtilière est le nom de Geoffroy ; celui de taupe-grillon remonte à Linné.
Dans la région bordelaise, ces termes ont presque l'allure
d'appellations scientifiques ; les cultivateurs de la région bordelaise emploient en effet plus volontiers le nom vulgaire de "Barre" ("Werre" en allemagne).
Plus au sud, du côté de Nérac, on dit "gazère" et "torre" dans le Roussillon.
Ailleurs, c'est "avant-taupe", "écrevisse de terre", "loup de terre", "perce-chaussée", "jardinière", "laboureur", "fumerolle", "bujole", "veraille", "darbon", "sterpi", "taille-cèbe".
Ces deux derniers noms étaient utilisés en Languedoc et en Provence dès le temps d'Olivier des SERRES, pour ne parler que des noms vulgaires français les plus communs.
Les organes des sens comportent, outre les formations sensorielles des antennes, une paire d'yeux composés et une paire d'ocelles, ceux-ci placés entre ceux-là sur le front.
Le tibia des pattes antérieures porte en dedans une fente au fond de laquelle se trouve l'organe auditif.
Si vous passez votre terrain aux pesticides et herbicides, elle disparaîtra, et, avec elle, son beau chant mélodieux nocturne.
Elle est devenue très rare pour avoir gêné quelques légumes.
Sur la photo suivante on la voit commencer à creuser la terre pour se dissimuler.
L’orifice auditif, constitué par une fente dans le tégument, se trouve juste au dessous du genou des pattes antérieures.
La courtilière pond 200 à 300 oeufs dans un trou du sol.
Considérée à tort comme se nourrissant de racines, alors qu'elle est plutôt carnivore (M.ROLAND)
Son corps est un composé bizarre de parties qu'on dirait empruntées à des animaux différents.
Elle a une tête de sauterelle, un corselet d'écrevisse, des mains des taupe élargies en pelles robustes, des ailes de grillon, un long abdomen mou et terminé par deux filets ; la femelle a de plus une tarière destinée à la ponte
(Clarisse JURANVILLE, in "Au pays des merveilles" - Barbou 1880)
La courtilière était jadis commune dans la campagne anglaise humide.
Son habitat n'existe presque plus, l'insecte devient une rareté.
Je n'ai rencontré la courtilière qu'une seule fois (photos). Je pense qu'elle est un insecte pratiquement inconnu pour la majorité de mes visiteurs.
J'ai donc recopié ce texte du livre de Lucien CHOPARD "La vie des sauterelles" - "histoires naturelles", collection dirigée par Jean ROSTAND, Gallimard NRF 1945 :
"L'habitation de la courtilière lui sert à la fois de refuge et de nid pour la ponte des oeufs. Elle est formée d'une masse de terre agglutinée par un liquide dégorgé par l'insecte, masse dont la taille peut atteindre celle d'un gros oeuf et qui est grossièrement ovoïde. Elle se trouve enterrée à une dizaine de centimètres de profondeur et correspond à une galerie oblique avec la surface du sol ; au fond, un puits profond de 25 à 30 cm la termine ; enfin, tout autour, une galerie circulaire communiquant par des rayons avec la chambre centrale, assure le drainage des eaux de pluie. On ne peut manquer d'être frappé de la ressemblance qui existe entre ce système compliqué et le terrier de la taupe qui offre à peu près la même disposition. La courtilière mérite vraiment son nom de taupe-grillon et elle offre un très sérieux exemple de convergence de moeurs entre des animaux séparés par un monde au point de vue morphologique, mais vivant dans des conditions analogues. En effet, ce n'est pas seulement par son nid que la courtilière peut être comparée à la taupe ; elle creuse des galeries qui se révèlent en surface par une traînée de terre soulevée, exacte reproduction en petit des galeries si connues de l'insectivore ; son alimentation même est à peu près celle de la taupe ; plutôt carnassière, elle dévore quantité de vers et de larves qui se trouvent sur son chemin ; mais, en même temps, elle ne se fait pas faute de couper et manger les racines qu'elle rencontre ; aussi est-elle, tout comme son modèle, détestée des jardiniers, malgré les services indiscutables que son appétit lui permet de rendre."
Je l'ai laissé faire... elle disparaît rapidement,
sa longueur en trente secondes !
"La courtilière, héritière des aptitudes du grillon des champs, elle a utilisé ses talents acquis de fouisseur par excellence pour perfectionner le procédé de nidification employé par ce dernier. Elle ne se contente plus d'une galerie presque rectiligne ; c'est qu'elle creuse est contournée en hélice. Au milieu se trouve un puits du volume et de la dimension d'un oeuf de poule, d'où partent, dans diverses directions, quelques galeries superficielles. Dans ce puits la femelle fait son nid. Après en avoir soigneusement lissé et consolidé les parois, elle y pond ses 200 ou 300 oeufs. Elle choisit un endroit convenable, dans un endroit découvert, bien exposé à l'influence de la chaleur solaire, dans un tertre assez ferme pour la protection contre la pluie."
(Source : Jules MEUNIER, in "la revue scientifique" nr. 11, septembre 1891)
On voit ses pattes antérieures pelleteuses, la vraie pelle mécanique !
Dans mon village du Luberon (Saint-Martin-les-eaux -04)
je n'entends plus son chant nocturne depuis des décennies,
alors que c'est là que je l'ai photographiée !
La courtilière, au contraire des autres orthoptères, ne possède pas d'oviscapte. Dans une galerie elle aménage une chambre de la grosseur d'un oeuf et y dépose de 200 à 300 oeufs.
Les larves effectuent cinq mues et se dispersent au bout d'un mois ou plus. La courtilière est cannibale et dévore parfois ses petits.
La courtilière peut s'enterrer jusqu'à 2 mètres de profondeur, plus régulièrement à un mètre.
La courtilière sait très bien nager. Elle peut aussi voler comme les capricornes et les lucanes. En avril 1933, dans la région bordelaise, des vols de courtilières compacts, une sorte d'essaimage, venaient s'écraser autour des lumières dans les rues, les places, les boutiques. Elles sont aussi attirées par un bruit régulier, le ronronnement d'un moteur par exemple.
La courtilière possède un prédateur spécifique : "Larra anathema", un hyménoptère sphégiens ainsi que le "Taxchyte anathème" qui va la dénicher dans sa galerie.
Larra anathema est une espèce de guêpes
Photo Wikipédia
Dans les années 30, on combattait les courtilières avec le cocktail "explosif" suivant : sulfure de carbone, appâts empoisonnés, phosphore de zing et fluosalicate de boryum
Météo :
"La courtilière sort de terre quand il va pleuvoir "
Source : les renseignements de cette page sont en majorité tirés de l'ouvrage du docteur J. FEYTAUD "La courtilière", extrait de la revue de zoologie agricole, Bordeaux 1933, édité par Saint-Maixent-l'école, imprimerie Garnier et compagnie. 1934.
Le Dr FEYTAUD était le directeur de la station de zoologie agricole et du centre de recherches phytopathologiques du Sud-Ouest, inspecteur du service de défense des végétaux.
*"Ses membres antérieurs, qui travaillent à la façon de ceux des taupes, sont des outils d'une puissance énorme pour un si petit animal.
On prétend que sur un plan uni ils peuvent vaincre une résistance de plus de trois livres."
G.VIGIER, in "la prospérité à la campagne" 1932.
Une observation d'un visiteur - TONY. 08.05.2015.
Bonjour, la courtilière est devenue rare dans les jardins, mais pour ma part, j'en suis envahi.
Il est 21h et j'entends son chant mélodieux en même temps que j'écris ces mots.
Plus de 20 courtilières se font la conversation.
Par contre, côté légumes, c'est un fléau !
elle adore les légumes racines : carottes, radis qu'elle déguste copieusement, et elle coupe tout ce qui la gêne sur son passage : adieu pieds de tomates !
Heureusement, son ennemi naturel n'est autre que celui qui lui ressemble le plus : la taupe.
Alors, laisser faire les taupes, même si elles bousculent un peu les semis, les courtilières resteront à distance.
Tableau wikipedia
Pour les 7 à 77 ans et plus !
Une vidéo instructive et insolite sur la courtilière
sous forme de bande dessinée !
Dessin de Marcello Pettineo
Voir son site en cliquant sur le dessin.