Vie de Papilio machaon - réponses à vos recherches
Dans les pages qui vont suivre,
je vais vous raconter toute l'histoire de la vie de "Papilio machaon"
ou " Grand Porte-queue "
le plus beau de nos papillons européens.
Machaon est le fils d'Asclépios dans la mythologie grecque
et il participa à la guerre de Troie.
© Pierre-Jean BERNARD.
"Papilio machaon" ou "Grand-porte-queue" est le seul que l'on nomme couramment par son nom latin, "Papilio", plus rarement pas son nom vernaculaire "grand-porte-queue".
Allons-y pour Papilio.
C'est un papillon voyageur qui ne reste pas en place.
Une fois qu'il a butiné sur vos fleurs, rassasié, il change de jardin.
S'il butine sans arrêt c'est qu'il vient de naître depuis peu. Il a faim !
S'il vole haut au-dessus des arbustes et dans tous les sens sans butiner c'est qu'il cherche une (un) partenaire pour s'accoupler sur un support aérien.
Si Papilio rase le sol sans faire halte sur les fleurs tentatrices c'est qu'il cherche une plante-hôte pour y pondre dessus des œufs espacés.
Papilio ne butine jamais les fleurs du fenouil sur lequel il dépose pourtant ses œufs et qui nourrissent les chenilles pour remplacer les folioles secs en cas de pénurie.
Pour différencier Papilio et Flambé en vol :
Papilio bat des ailes relativement plus vite (9 battements par seconde) que le Flambé, le voilier, dont le vol est beaucoup plus plané.
Le Flambé par contre peut être locataire de votre jardin pendant un bon mois et rester longtemps perché et immobile pour surveiller son terrain dans l'attente d'une (un) partenaire ou y chasser un prétendant, c'est son territoire !
Papilio machaon sur un buddleia. Un mâle.
Papilio machaon fond blanc sur sedum.
Dans ma région, c'est sur les plants de fenouil que vit le plus souvent la chenille, mais aussi sur divers ombellifères comme la carotte cultivée (non traitée !), le fenouil, la carotte sauvage (Docus carotte), le persil, la rue fétide (Ruta graveolens) etc et Citrus en Orient.
Si la chenille aime le fenouil, par contre le papillon ne butine jamais sur lui.
Pourquoi ?
Je pense avoir trouvé la réponse dans "Abrégé de botanique" de J-L GUIGNARD
"À la base des styles se trouvent deux disques nectarifères (appelés stylopodes) dont la position très superficielle permet la pollinisation par des diptères, insectes qui ont un appareil buccal très court ".
La trompe de "Papilio machaon" serait donc trop importante pour butiner les ombellifères.
Le "Grand Porte-queue" apprécie surtout les lilas, la centranthe rouge ou blanche, les lavandes, avec une nette préférence pour la centranthe.
Dans mon Midi, il doit certainement à la présence le long des routes et dans les collines du fenouil et de la centranthe rouge d'avoir des effectifs assez stables, même en zone urbanisée. Ces deux plantes sont, en outre, très résistantes à la sécheresse.
Lorsque Papilio machaon pond sur une feuille de fenouil au printemps, sur l'ombelle en été parce que les feuilles sont fanées (pas si bête la bête !), le drame de la survie commence par l'attaque des prédateurs : minuscules araignées qui se faufilent dans les ombelles, fourmis carnassières, guêpes ammophiles (guêpes solitaires), oiseaux etc. Ensuite les intempéries, car la pluie et le vent peuvent décrocher la chenille de son support.
Les parasites sont là aussi et l'on voit parfois une chenille se dégonfler comme une baudruche et mourir, pantelante.
Quand la plante-hôte est belle, le jardinier, qui évolue sur une autre planète, coupe les plants pour sa gastronomie et emporte avec lui les oeufs ou les chenilles, quand ce n'est pas une chrysalide.
Parenthèses : aujourd'hui, les "bios" en sont arrivés au fameux purin d'orties dont la préparation malaxe les oeufs, les chenilles et les chrysalides de nos plus beaux papillons européens qui vivent sur cette plante : Vanesses, Petites-tortues, Paons du jour, vulcains etc. Je vais me faire des amis !
Bon. Quand ma "fleur du ciel" s'est épanouie et envolée, il n'est pas dit, en plus des prédateurs, que nous n'entrions pas dans une période de très mauvais temps, je passe sur les prédations artificielles : voitures, incendies, débroussaillements excessifs etc.
Je crois qu'il y a un oeuf sur cent qui aboutit à un imago, et je suis optimiste !
À part un mimétisme tout à fait relatif de la chenille sur sa plante, le "Grand porte-queue" emploie la dissuasion en faisant sortir ses "cornes", c'est -à-dire "l'osmétérium" tout en dégageant une vague odeur enveloppante de citronnelle.
Quand je manipule des chenilles sur leur perchoir, elles finissent par prendre une certaine habitude des attouchements et elles ne développent plus leur moyen de défense.
Pour des informations plus complètes sur ce beau papillon,
cliquez sur sur la catégorie "Papilio machaon"
ou directement sur ce lien.
NOTES DIVERSES
En réponse à vos recherches :
- Pour nourrir un imago, il faut une petite boite plate, genre boite à pastilles.
Y mettre un peu de miel dedans et la recouvrir d'une gaze. Le papillon pompera la nourriture à travers la gaze qui touche le miel.
- La chenille de Papilio machaon ne boit pas, elle se contente du liquide contenu dans la nourriture végétale (fenouil, aneth, rue, etc)
- La durée de la vie en chrysalide de Papilio machaon va de 9 jours 14h (minimum observé) à 351 jours (maximum observé après hibernage) - la normale courante se situant entre 12 et 17 jours (voir ontogénèses).
La vie de l'imago est d'environ deux mois.
- Environ 9 battements d'ailes à la seconde pour Papilio machaon ; c'est un vol dit "battu", les sphinx ont un battement dit "vibratoire" (75 à la seconde). Il vole à la vitesse de 4 m seconde.
- Lorsque l'imago né, il défèque un liquide jaune-marron, résidus organiques de sa vie en chrysalide.
- Le Grand Porte-queue peut vivre environ 8 semaines s'il a survécu à tous les dangers.
- Papilio machaon peut rester sans s'alimenter pendant plusieurs jours,
44 heures pour mon observation, trois jours pour l'observation d'un correspondant.
- Papilio machaon peut s'accoupler dès la naissance (observation en cage)
Accouplement des Papilio machaon
dès leur naissance.
Naître avec le printemps mourir avec les roses,
Sur l'aile du Zéphyr nager dans un ciel pur,
Balancé sur le sein des fleurs à peine écloses,
S'enivrer de parfums de lumières et d'azur,
Secouant, jeune encore, la poudre de ses ailes,
S'envoler comme un souffle aux voûtes éternelles,
Voilà du papillon, le destin enchanté !
Il ressemble au désir, qui jamais ne se pose,
Et sans se satisfaire, effleurant toute chose,
Retourne enfin au ciel chercher la volupté !
Alphonse de Lamartine (1790-1869 )
"Toute chose isolée cesse d'exister.
Un machaon pompe une giroflée : c'est un papillon plus un suc de giroflée ;
c'est une giroflée moins un appétit de papillon.
Toute définition d'une chose en soi est un attentat contre la réalité."
Charles FORT.