Pollen : ce que ne savent pas les abeilles
Il est à peine croyable que chaque espèce de fleurs ait pu inventer son propre pollen, quand on sait qu'il existe environ 250.000 espèces de plantes à fleurs et que leur pollen n'est jamais que d'une seule cellule.
250.000 variations dans l'architecture et le squelette d'un être unicellulaire, voilà qui laisse rêveur !
Le pollen féconde l'ovule de la fleur qui se transformera en graine et l'ovaire donnera le fruit.
Palynologie : science du pollen.
Le pollen : "le pain des abeilles".
*Dimensions des pollens : la longueur de la plus grande dimension va de 2,5 microns chez le myosotis, jusqu'à 200 microns chez la courge.
6 février 2008. 1° à 5 heures
Le mimosa est en fleurs et une abeille courageuse
se noie dans le pollen jaune.
Cette floraison providentielle dure environ un mois.
Les grains de pollen
organismes de dispersion des gamètes mâles chez les plantes et les fleurs, sont composés de deux à trois cellules protégées par une paroi.
Cette paroi présente de nombreuses variations, qu'elles se situent au niveau de la structure elle-même, de l'épaisseur, de la composition, de la texture ou encore de l'ornementation de l'exine (couche externe de la paroi).
La plupart des grains de pollen présentent des apertures * éléments essentiels à leur survie.
* Aperture : l'aperture est une région spécialisée du sporoderme (paroi de la spore ou du pollen) qui est plus fine que dans le reste de la microspore, et qui en général en diffère par son ornementation et/ou sa structure (adj. aperturé).
(Laurent PENET. Voir bibliographie)
Magnifique architecture de pollens !
Photo Facebook partagée par C. Pariel
* C'est à l'époque du grand élevage du couvain que les abeilles récoltent le plus de pollen et de nectar.
* Le pollen est uniquement absorbé par les larves car les abeilles ne l'assimilent pas sans la contribution des larves qui possèdent des sucs digestifs nécessaires pour la digestion des grains de pollen (Tropobiose de E.ROUBAUD).
* Les pollens entomophiles sont peu abondants, les grains d'une assez grande dimension, à exine fortement ornementée, ou couverts de sécrétions gluantes.
Composition du pollen :
*Dans le pollen, on trouve les vitamines suivantes : parmi les vitamines du groupe B on trouve l'acide folique (anti-anémique), la vitamine B 1 (anti-névritique, facteur d'équilibre neuro-endocrinien), l'acide pantothénique, les vitamines B 2 et B 6. On trouve également la vitamine PP (antipellagreuse), la vitamine C, la vitamine D (antirachitique, facteur de calcification), la vitamine E (facteur de reproduction), enfin la pro-vitamine A (antixérophtalmique et kératomalcique). Le pollen contient également des ferments nécessaires à la digestion des sucres et amidon, à l'utilisation des phosphates par l'organisme. On a aussi trouvé dans le pollen des substances hormonales, dont certaines sont des régulateurs de la croissance des plantes et d'autres des substances oestrogéniques. (Armand PONS)
*Il contient une grande quantité de protides dont la moitié sous forme d'acides aminés libres, des glucides (sucre), des lipides (corps gras), de l'eau, des substances minérales (calcium, cuivre, fer, magnésium, manganèse, phosphore, potassium, silicium, soufre), des vitamines B1, B2, B3 ou vitamine PP, B5, B6, B7, B8 ou vitamine H, B9, B12, C, D, E, et provitamine A, des enzymes (amylass, invertass et phosphatasses), et enfin de la rutine, une substance accélératrice de croissance et une substance antibiotique.
Mêmes propriétés pour la gelée royale (Docteur Yves Donadieu, faculté de médecine de Paris).
Abeille butinant le chèvrefeuille - 16.05.2019
"Pollinisation : Les fleurs, le plus souvent très visibles et de couleur vive, à généralement pour corolaire la pollinisation par les insectes (entomophile, du grec entomon : insecte), beaucoup plus précise que celle assurée par le vent (anémophile).
Très généralement les organes spécialisés ou nectaires sécrètent du nectar dont se nourrissent les insectes.
On doit ici souligner que l'importance croissante des plantes à fleurs, au tertiaire, s'est accompagné d'un extraordinaire essor des insectes lécheurs et butineurs, l'un appelant l'autre." (J-L.Guignard in "Abrégé de botanique" 1973)
Abeille sur houx "Ilex aquifolium" - 03.04.2020
*On a récemment prouvé que les abeilles au lieu de chercher du pollen sur les fleurs, se servent volontiers d'une substance fort différente, le gruau (DARWIN).
*Record : une seule inflorescence de petite oseille (Rumex acetosa) produit plus de 400 millions de grains de pollen !
*L'odeur des pollens est la plus ancienne des odeurs florales et attirait les premiers agents de la pollinisation bien avant les abeilles et les hyménoptères en général : les coléoptères.
*Il existe environ 250.000 espèces de plantes à fleurs et chaque pollen est différent d'une espèce à l'autre. 250.000 variations dans l'architecture et le squelette d'un être unicellulaire (J-M.PELT, voir bibliographie).
*Les butineuses récoltent 25 % que du pollen, 58% que du nectar et 17 % nectar et pollen.
*Une ruche produit 25 kilos en moyenne de pollen par an, en saison, 62.000 charges individuelles par jour.
*Le pollen de l'olivier n'est jamais transporté par les abeilles et autres insectes, mais par le vent.
*Le rôle du pollen était déjà connu 900 ans avant J-C, gravures sur pierre du palais d' Assurbanipal où l'on voit des personnages féconder artificiellement des dattiers en agitant des spathes mâles (Armand PONS, voir bibliographie).
*L'analyse pollinique est utilisée pour contrôler l'origine botanique des miels pour prévaloir "l'appellation florale" (miel de Lorraine, miel du Gâtinais, miel de Corse). On procède aussi à l'étude polynologique des miels pour éviter les contrefaçons et les fraudes, pour le miel de lavandin, hybride de la lavande, par exemple, qui possède un parfum et un goût d'une grande finesse (Alpes de Haute-Provence). À noter que dans le lavandin, les grains de pollen sont peu nombreux mais caractéristiques. (Armand PONS)
Allergies aux pollens :
Tous les pollens ne sont pas allergisants.
Seules une quinzaine de famille partagent ce "privilège", ayant en commun une taille entre 20 et 60 micromètres de diamètre et d'afficher une forte concentration dans l'air (40 particules/m3).
Les pollens ont aussi en commun de fabriquer des allergènes, ou protéines allergisantes, qui provoquent la réaction du système immunitaire. Les personnes sensibles réagissent en produisant des anticorps IgE, dirigés contre ces substances étrangères. (source : revue " Science et Vie " nr.1064. Mai 2006)
*Des stations de capture des pollens ont été installées sur les toits de 23 villes de France en 1990. Un appareil reproduisant la respiration humaine projette les pollens de l'atmosphère sur un tambour où ils sont récupérés. Les pollens sont toutefois moins nocifs que les gaz des pots d'échappement des voitures !
*Le pollen d'aulne, le "verne" chez les gaulois, est, avec le coudrier, le meilleur des pollens pour les "avettes" (abeilles) VINCENOT le qualifie de "sperme cosmique" !
Avec le sang, c'est la denrée la plus mystérieuse du monde qui tient dans sa structure le secret de la vie.
*Les "pluies de souffre" sont des chutes importantes de pollens dans les forêts de pins et de sapins. Imaginons le nombre de ces pollens !
Paléontologie apicole :
Figée dans l’ambre depuis 15 millions d’années, une abeille portait sur son dos un grain de pollen d’orchidée.
Les chercheurs, à partir des séquences d’ADN, peuvent désormais affirmer que l’ancêtre commun de ces plantes vivait il y a 76 à 84 millions d’années, à la fin du crétacé. (Science et vie, nr.1081,octobre 2007)
Pour contrôler la provenance florale et régionale d'un miel on analyse son pollen - Miel de lavande, miel d'acacia, miel du Gâtinais etc.
Vieilles fleurs :
Des grains de pollen retrouvés au fond d'un forage suisse viennent d'être datés de 240 millions d'années.
Les plantes à fleurs existaient donc dès cette époque, soit 100 millions d'années plus tôt qu'on ne le pensait. ("le point" 10.2013)
Abeille butinant du sédum spectabile - septembre
Abeille avec une belle pelote de pollen aux pattes !
Sur ciste cotonneux - avril
Pour séduire, les fleurs sculptent la chaleur.
* "Sur les 118 espèces de plantes à fleurs que nous avons thermo-photographiées, plus de la moitié présentent des variations structurées de la température avec des différences dépassant les 2°.
Nous savions que les abeilles étaient sensibles à la température globale de la fleur, mais ces formes thermiques spécifiques s'ajoutent aux multiples stratégies de séduction des fleurs" (Sean Rands in "science et vie" - mars 2018)
* Le pollen est un aliment dans lequel l'insecte trouve beaucoup de protéines, des matières grasses, des sucres en quantité moindre, des matières riches en potassium et en phosphore (Elzer-Gunzmuller)
"On a entrepris de nombreux travaux d'analyse chimique du miel. Récemment, l'étude microscopique du miel a révélé, ainsi qu'on pouvait s'y attendre, la présence de nombreux grains de pollen dont la connaissance a permis, mieux que tout autre caractère chimique, de caractériser et contrôler son origine géographique et botanique (et contrefaçons), cause de ses différences de qualités." (Armand PONS "le pollen" PUF.1958)
Les fleurs plus anciennes que les abeilles !
Il y a 245 millions d'années que les plantes ont des fleurs.
Ce sont les plus vieux grains de pollen du monde !
Datés de 247 à 245 millions d'années, des fossiles bien préservés ont été trouvés à 900 mètres de profondeur dans deux carottes de forages prélevées dans le nord de la Suisse.
Autrement dit, les plantes à fleurs seraient apparues 100 millions d'années plus tôt qu'on ne le pensait !
(Source : revue "science et vie" - R.B - nr. 1156)
Pour les abeilles qui préfèrent les fleurs de la vigne vierge (juin) à celles de la lavande, c'est parce que le miel de lavande cristallise rapidement, alors les abeilles qui sont au courant ne s'en servent pas pour nourrir le couvain.
Des abeilles s'affairent à récolter le pollen d'un magnolia
dont les étamines chutent.
Le magnolia grandiflora est venu d'Amérique du Nord en 1737.
Pline, au premier siècle avant Jésus-Christ, le considérait comme un phénomène météorique !
Et c'est Réaumur qui, le premier, vit le rapport avec les pucerons Aphididés.
Les fourmis en sont très friandes et pratiquent "l'élevage" et la "traite" des pucerons ; les abeilles le collectent et l'introduisent dans le miel. (C. Souchon)