Seigneur des Abeilles
J'ai souvent entendu dire ou lu que les abeilles ne reconnaissaient pas leur maître, c'est-à-dire l'apiculteur. C'est sans doute exact en ce qui concerne ce professionnel des abeilles qui ne travaille à la ruche que par intermittence, admettons deux ou trois fois dans l'année.
Mais, en ce qui concerne mes observations, je peux dire que les abeilles reconnaissent très bien leur pourvoyeur en nourriture si ce dernier les côtoie très souvent. C'est mon cas, un peu insolite j'en conviens, car j'étais en train de réaliser une expérience afin de vérifier la mémoire des abeilles quant au repérage d'une source de nourriture importante.
Pour ces expériences hivernales dont vous pouvez prendre connaissance de l'article "Abeilles -observations", j'ai donné de la nourriture à une colonie d'abeilles sauvages, et sans doute à deux colonies car elles quittaient la mangeoire dans deux directions différentes. Des colonies peu nombreuses en individus, en secteur semi-urbanisé, approximativement à 10 minutes aller-retour de chez moi.
Lorsque je m'approchais de la soucoupe garnie soit de miel soit d'eau sucrée, les abeilles occupées à butiner n'avaient aucune réaction. Mais dès que la soucoupe était vide et que je m'approchais, plusieurs abeilles virevoltaient autour de moi, se posant même parfois sur mes habits, ma tête, mes mains !
Mieux : dès que les premiers beaux jours sont arrivés, les abeilles sont devenues plus nombreuses. Si la soucoupe était vide, dès que je sortais de la maison j'étais environné. Et que moi ! Si une autre personne sortait, les abeilles, quoique présentes, n'insistaient pas.
Mieux encore : souvent, quand j'étais occupé au jardin, loin de la mangeoire, je remarquais à un moment donné, une, deux ou trois abeilles (jamais plus) tournoyant autour de moi , bzzzz... des éclaireuses sans doute. Alors j'avais compris : la soucoupe de nourriture était vide... et en effet elle l'était ! J'allais donc la remplir car n'ayant rien à rapporter, les abeilles restaient à la ruche et envoyaient seulement des éclaireuses isolées aux renseignements (remarqué aussi par Von Frisch, ce qui explique la familiarité dont j'étais le témoin).
Le 23 mars, ma femme a déplacé la mangeoire avant de me le signaler car les abeilles, devenues plus nombreuses, l'impressionnaient ! Quand je suis arrivé pour contrôler le niveau de la boisson sucrée, j'ai été immédiatement environné d'une multitude d'abeilles bourdonnantes.
À signaler aussi que je ne portais pas tout le temps les mêmes habits ; parfois noirs, parfois gris, verts ou panachés. Les abeilles devaient se repérer sur mon odeur corporelle, soit sur mon allure. Rappelons que les abeilles ont la mémoire des odeurs (phéromones) et la mémoire des formes en relief de préférence (lire aussi "le saviez-vous ?").
Je crois qu'il est indéniable que les abeilles reconnaissent une personne qu'elles fréquentent souvent et qui ne représente aucun danger pour elles. L'idéal aurait été que je découvrisse leur colonie pour me présenter et constater leurs réactions...
"Les abeilles seraient capables d'abstraction pour distinguer un visage humain et autres motifs visuels, faisant preuve d'une forme d'abstraction malgré leur petit cerveau, selon une étude de Martin GIURFA du CNRS" (AFP du 29.01.2010)
Mes abeilles à la mangeoire.
Parfois, elles cohabitent avec des bourdons terrestres et des guêpes "Vespula".
10.01.2012 : Histoire insolite
qui peut prêter à sourire mais qui démontre bien les facultés de vitalité et d'énergie de nos amis les abeilles.
J'avais fini un pot de miel et il en restait la valeur d'une cuillère à café sur ses parois. Je l'ai porté à la mangeoire du jardin où je donne à manger aux abeilles comme à l'habitude à l'approche de l'hiver et je l'ai posé à plat sur le socle.
Le soir, vers les 16h 30, je suis allé pour récupérer le pot. Deux abeilles s'étaient totalement engluées dans le miel et surprises par le froid de fin d'après-midi (9°). Elles étaient totalement inertes et sans réaction aucune.
Il m'est donc venue à l'idée de les extraire de ce linceul sucré. Je les ai portées à la maison et plongées dans un bol d'eau tiède et j'ai agité le tout pendant une dizaine de secondes afin de les débarrasser du miel collé à leur corps. Après ce bon brassage, je les ai posées sur un essuie-tout. Quelque temps après, surpris, j'ai vu une aile et une patte remuer sur l'une et l'autre. J'ai alors posé l'essuie-tout sur mon chauffage central électrique pour ravigoter mes abeilles.
Un bon quart d'heure après elles commençaient à se traîner sur le papier, puis plus tard encore entreprenaient de se faire une toilette des parties vitales. Je les ai donc mises dans une boite en carton perforée et placé le tout sur le chauffage. Une demi-heure environ après en m'approchant de mes captives, j'ai entendu un "bzzzz" s'échappant de la boîte... mes deux abeilles commençaient à battre des ailes !
J'ai pensé tout d'abord ne pas les libérer le soir le soleil étant bas et mon jardin dans l'ombre. Mais comme je sais que les abeilles font le point en se basant aussi sur la lumière polarisée, j'ai ouvert la boîte... elles se sont mises sur le rebord, vibrées des ailes quelques secondes puis se sont envolées. Elles ont exécuté quelque cercles de repérage au-dessus de ma tête puis sont parties vers leur colonie dans la bonne direction que je connaissais !
Je vais donc prendre maintenant l'habitude de retirer la nourriture pré-hivernale (le froid n'est pas encore arrivé dans le 13) lorsque le soleil descend sur l'horizon et quitte mon jardin, les températures chutant très vite à ce moment là.
Deux de mes abeilles pompent ce qu'il reste sur la coupelle -
19.12.2016 - 15 h - 10°
Une petite histoire insolite qui vous plaira, je l'espère !
Je l'ai récupérée et mise sous le robinet d'eau tiède, puis quelques secondes dans un verre d'eau tiède pour la nettoyer.
Elle était encore vivante !
Je l'ai alors déposée dans une grosse boite d'allumettes perforée puis installée sur un radiateur pour la nuit, il faut que la température ambiante soit au minimum celle de la ruche : 30 à 33 degrés.
Le samedi 11 à 10 h, beau soleil, j'ai ouvert la boite et mon abeille ragaillardie a pris son envol vers le soleil !
Gentil, non ?
"Il est 5 heures, Paris s'éveille *"... et les hyménoptères aussi !
5 heures du matin, Luberon, Alpes-de-Haute-Provence, température aux environs de 20°, ciel clair, il fait nuit. Une pâle clarté pointe au-dessus des collines. Dans le village tout dort et les tilleuls embaument. Un rouge-queue sifflote au bord d'un toit....
Mais les tilleuls chantent ! Des milliers d'hyménoptères butinent déjà : des bourdons, des abeilles solitaires, des abeilles domestiques, des guêpes etc
Comment s'y retrouvent-ils dans la nuit ?
(Saint-Martin-les-eaux, Luberon-est, près de Manosque, 25.06.2006)
* Jacques Dutronc.
*"Les acacias sont en fleurs. L'odeur langoureuse des longues grappes pendantes attire des nuées d'abeilles. Une rumeur s'est installée autour de la maison. C'est un ronronnement discret, presque imperceptible. Il faut prêter l'oreille pour percevoir la vibration de l'immense usine. Les milliers de paires d'ailes diffusent dans l'air une friselis dont la monotonie me berce. (Jean-Paul KAUFFMANN, voir bibliographie 2)
*J'observe le manège des abeilles sur les fleurs. Voilà un insecte qui a du tact. Il garde la distance, observe toujours une certaine retenue. Surtout, il connait la différence avec les autres espèces vivantes, en particulier avec l'homme. (J-P.KAUFFMANN)
*Les abeilles sont assez douces et peuvent s'humaniser. M. Dujardin, ayant renouvelé tous les jours les provisions d'une ruche pauvre, était fort bien reconnu des abeilles, qui volaient à lui et couraient sur ses mains sans le blesser (J.MICHELET)
NDLR : comme avec moi !
L'Abeille et le Frelon
Une abeille dès le matin
Après avoir sucé mille fleurs d’un parterre,
Revolait vers sa ruche avec force butin.
Un frelon la rencontre, et, lui faisant la guerre,
Lui dit : Insensée ! Où vas-tu ?
Au travail, n’est-ce pas ? Te vaut-il un fétu ?
A quoi bon prendre tant de peine
Pour les menus plaisirs d’une indolente reine ?
Travaille pour toi seule, et ce sera tout gain.
Voilà ce que je te conseille.
L’autre lui répondit :Tu me prêches en vain :
Ce qui ne tourne pas au profit de l’essaim
Ne peut être utile à l’Abeille.
Antoine François Le Bailly 1756, publié par J.L.J. Brière, 1823
Récupération d'un essaim dans un verger en avril à Hyères (83)
des abeilles sont venues y butiner !
Joyeux Noël et Bonne Année mes amies !
02.04.2020 : beaucoup d'abeilles butinent sur mon houx en fleurs !