Les quatre saisons
pas plus grand qu'un mouchoir de poche.
Saint-Martin-les-eaux - Luberon-est - 04
Le printemps au cabanon | L'été |
L'automne | L'hiver |
Chez nous, en Haute-Provence, le printemps vient un peu plus tard, au mois de mai...
Au mois de mai la terre s'éveille, respire, s'étire, et le frisson qui la parcourt fait sa peau se hérisser de fleurs et d'herbes tendres.
C'est un frisson de bonheur qui lui passe dans le dos...
Les chatons duveteux pointent sur les arbres avant de s'épanouir en feuilles neuves.
Les chênes, eux, ont encore leur dépouille jaunie, vestige du printemps précédent ; ils la tomberont au premier coup de vent.
Sur les bords du chemin qui mène au coteau, entre deux haies de ronces recouvrant un vieux mur en pierres sèches, les violettes écartent les herbes pour toucher au soleil.
Le chemin des violettes sent bon, il a l'odeur du renouveau.
Quelques grillons y vocalisent et un lézard se chauffe au soleil sur un lit de mousse.
En bordure des champs de blés verts, il neige des pétales d'églantiers et la terre saigne de son trop plein d'eau qui murmure dans les rigoles en égratignant les mottes de terre grasse..
C'est l'époque des longs jours qui commence.
Toute la Nature vibre et palpite, c'est l'air qui en est son sang et le soleil son âme...»
"La crypte des vagues mortes" - «L'éveil» - extrait - P-J. Bernard.
Tôt matin au printemps sur la fleur de l'églantier.
Année après année, il me surprend et m'émerveille.
L'âge n'y peut rien, ni l'accumulation des doutes et des amertumes.
Dès que le marronnier allume ses cierges et met ses oiseaux à chanter,
mon coeur gonfle à l'image des bourgeons.
Et me voilà de nouveau sûr que tout est juste et bien, que seule notre maladresse a provoqué l'hiver et que cette fois-ci nous ne laisserons pas fuir l'avril et le mai.
Le ciel est lavé, les nuages sont neufs, l'air ne contient plus de gaz de voitures, on ne tue plus nulle part l'agneau ni l'hirondelle, tout à l'heure le tilleul va fleurir et recevoir les abeilles, les roses vont éclater et cette nuit le rossignol chantera que le monde est une seule joie.
Tout recommence avec des chances neuves et, cette fois, tout va réussir.
J'ai un an de moins que l'an dernier.
Non, pas un an, toute ma vie de moins."
René BARJAVEL in "la faim du tigre"