Beaucoup de renseignements sur ces osmies ont été extraits
du livre de Robert HARDOUIN
"La vie des abeilles solitaires" - Gallimard 1948
Les rubriques qui suivent sur les abeilles solitaires épousent l'actualité de mes observations et ne sont donc pas définitives d'une année sur l'autre.
Nids pour abeilles solitaires osmies, des fagots de roseaux coupés à 20cm environ à partir d'un noeud et de diamètre de 8 à 12 mm.
En février, début mars, les osmies cornuta (Osmia cornuta) butinent sur les pensées, les violettes, le laurier-tin, le romarin.
Les OSMIES CORNUTAS se différencient de l'OSMIE RUFA par leur thorax noir et abdomen couleur rouille foncée.
Elles ont les mêmes moeurs.
Les femelles portent un aiguillon mais les mâles n'en ont pas.
Les femelles de rufa ou de cornuta sont très pacifiques et ne servent jamais de leur aiguillon.
Les Osmies rufa et cornuta sont élevées pour la pollinisation des arbres fruitiers car elles sont actives dès le début du printemps.
Elles fécondent, par exemple, l'amandier qui fleurit tôt.
Elles sont plus efficaces que les abeilles domestiques.
Osmia cornuta est absente de Grande-Bretagne (C. O'toole)
Les osmies appartiennent à la tribu des "Megachilinae nidifiantes" comprenant aussi les mégachiles, les anthidies et les chalicodomes
qu'on appelait autrefois les gastrilégides (récolteuses par le ventre).
Tableau de la classification (Wikipédia)
Mon installation au jardin pour les abeilles solitaires.
Je ne suis pas bricoleur du tout !
OSMIA BICOLOR (Osmie bicolore)
L'osmie bicolore ne construit pas exclusivement son nid dans des coquilles d'escargots vides mais aussi dans des roseaux (photos ci-dessous).
Au printemps 2009, mes bottes de roseaux étaient presque exclusivement occupées par des osmies bicolores.
OSMIA BICORNIS (Osmie Rufa ou Osmie rousse)
niche dans les trous.
Pour l'observer, j'ai perforé un madrier avec des trous de 10mm sur une profondeur d'environ 10 cm et installé un fagot de roseaux.
L'occupation a eu lieu tout de suite !
OSMIA BICORNIS Osmia rufa mâle 02.04.2019
OSMIA BICORNIS Osmia rufa femelle 02.04.2019
OSMIA BICORNIS (osmie rufa) en train d'amener du mortier à son nid.
Les mâles naissent les premiers.
L'osmie a donc placé les cellules des mâles vers l'opercule.
Logique ! La femelle choisit le sexe de son oeuf.
Osmie rufa ravitaille son nid en pollen.
Les Osmies rufa ont operculé leur nid personnel mais ont aussi comblé les interstices entre chaque trou (sur la gauche de l'image). Les petits points noirs sont des repères lorsque je compte les nids operculés.
Accouplement des
OSMIA CORNUTA (Osmie cornue)
Le mâle est reconnaissable à sa pilosité blanche.
La femelle est beaucoup plus petite que le mâle
05.03 sur rameau.
17.04.2006 : vers 13 heures, à l'ombre, sur une tige, T 11°/18° accouplement des osmies cornues.
07.03.2007 : observé l'accouplement d'osmies rufa 12° à 5 heures -nuageux-
Les osmies s'accouplent longuement.
J'ai suivi le coït, sur une feuille, pendant dix minutes environ et il était déjà commencé depuis un long moment sans doute.
OSMIE CORNUE femelle récolte
de la terre mouillée pour clore son nid.
OSMIE CORNUE - Temps très couvert après pluie.
23 mars - T 16°
NIDS des OSMIES
Dans le nid, avec les pattes postérieures, la récolteuse secoue de sa brosse ventrale la précieuse poudre nutritive (le pollen) ; elle le fait tomber à la place voulue et, sans la moindre trace liquide, la tasse en bloc compact.
Quand la provision est jugée suffisante, elle y adjoint un peu de miel qu'elle dégorge, incorporé à la farine pollinique et quelque peu pétri, ce miel épais constituera la bouillie de choix de la larve.
Pour clore le nid, la mère osmie rôde dans les caniveaux, les flaques d'eau, explore.
De la pointe des mandibules, elle y prélève un peu de limon qu'elle malaxe et façonne en une pelote dont le volume s'inscrit dans l'arc des mandibules largement ouvertes.
La vitesse à laquelle est terminé un nid varie suivant la profondeur, le diamètre et l'abondance de la flore locale.
D'une journée à plusieurs journées.
L'osmie s'absente du nid un quart d'heure à trois quart d'heure, plus d'une heure parfois, il n' y a pas de critère bien précis.
Lorsque l'osmie arrive au nid, elle y pénètre la tête la première, y travaille à déposer son pollen pendant trois à quatre minutes, ressort, pivote et rentre à nouveau en reculant pour tasser la marchandise avec son abdomen, puis elle s'envole vers d'autres provisions.
La nuit, elle demeure dans son nid, la "tête à la fenêtre" si la température est clémente ou que ses provisions l'empêchent d'entrer complètement ; ainsi elle attend le soleil pour être active ou que la température environnante oscille autour des 15°.
Les osmies travaillent même par temps nuageux.
Des nids operculés et d'autres en cours.
Sur ce cliché, on remarque bien le mortier entre les mandibules de l'osmie. Elle est en train de calfeutrer son nid dans lequel elle a déposé des oeufs dans des cellules superposées pourvues de nectar.
L'opercule n'est que de la terre mouillée
qui tombe en ruine au contact de la pluie.
Il faut donc un abri profond.
Si le roseau est vertical, l'osmie ne l'emploie pas car il serait détruit.
22.07.2012 : Une larve d'osmie cornue (10 mm)
éjectée de son nid par une mégachile sculpturalis.
LARVE D'OSMIE ET SA PROVISION
Vers le 17 avril 2006, j'avais installé dans mon jardin 4 petits tubes en verre transparent de diamètre 10 mm sur 7cm de long, enveloppés dans une protection opaque et facile à ôter.
J'ai eu de la chance : 2 Osmies bicolores ont fabriqué chacune un nid à l'intérieur de 2 tubes.
Le 2 mai, j'ai enlevé les enveloppes des 2 tubes, délicatement et j'ai pu voir à l'intérieur les larves des osmies.
La plus belle était une larve ressemblant à un petit asticot de 2 ou 3 mm de long, de couleur terne, posé sur une réserve de pollen.
Le tube est colmaté en bout (comme on le voit sur les photos ci-dessous), mais il possède une partie vide, puis un deuxième bouchon vers la moitié du tube, en retrait de la larve, ce qui fait qu'il y a un espace aérien vide entre ce bouchon et la larve avec son garde-manger.
Les deux bouchons, qu'à la vue je trouve hermétiques, laissent bien passer l'air pour la respiration de la larve !
Naturellement, j'ai tout remis minutieusement en place et j'espère pouvoir suivre l'évolution de la larve dans les mois à venir car l'imago devrait seulement naître au printemps prochain.
La larve, fixée par le pied, est courbée en arc.
Décembre 2006 : de petites boules noires, crottes de la larve,
masquent celle-ci.
Les tubes de verre empêchent la pénétration de l'air par les parois imperméable ce qui produit des moisissures.
Faudra que je change de méthode !
La nouvelle génération d'Osmies naîtra avant l'hiver mais restera à l'abri dans les cocons jusqu'au printemps.
Début des naissances des osmies rufa de 2005 à partir des 7,8 et 9 mars 2006. Températures 11° à 5 heures et 18° dans la journée. Soleil et nuages.
Plusieurs trous sont désoperculés.
Depuis début mars 2006, de nombreuses osmies sont nées et les nouvelles s'affairent à perpétuer l'espèce à l'endroit où elles sont nées.
De nombreux nids sont operculés (17.04.2006).
Je donnerai un compte-rendu détaillé à la fin de la saison des osmies, début mai environ.
Voir ci-après :
17.02.2006, observé la première Osmie rufa butinant sur fleurs d'arbousier en compagnie de Xylocopes violacés. Température 6° à 5h, temps ensoleillé.
26.02.2006, observé une Osmie rufa butinant sur des violettes blanches, violettes hérissées (Viola hirta) de préférence aux violettes odorantes (Viola odorata) qui poussent au même endroit en touffes. (T 3°/10° ).
19.04.2006 : j'ai compté 56 trous operculés par les nouvelles générations !
29.04.2006 : il n'y a plus d'osmies. Je compte 71 trous operculés pour la saison.
22.02.2007 : première naissance d'une osmie.
25.02.2007 : environ une dizaine d'osmies sont nées et il en sort tous les jours ; celles nées commencent à aménager leur nid au même endroit.
22.02.2009, observé une osmie cornuta (osmia cornuta) travaillant à colmater son nid, un trou dans le mur de la façade sud de ma maison.
24.02 elle avait terminé le colmatage au "mortier".
Les températures étaient comprises entre un minimum de -5° le matin et un maxi de + 14° l'après-midi en cette période. Temps ensoleillé.
J'ai d'ailleurs observé plusieurs de ces abeilles butinant sur lauriers-tin, romarins, violettes, arbousier.
Mes installations, disons mes ruchettes à osmies, sont très fréquentées (mars/avril).
01.03.2010 : premières naissances des osmie cornuta.
12.04.2010 : dernière osmie observée.
2010 : 89 nids ont été operculés.
2012 : 38 nids ont été operculés.
2013 : 08.03 premières naissances des osmies cornues. 17°
Ravitaillement
17 avril 2006 vers 8 heures.
L'Osmie à la fenêtre dans
l'attente que la température hausse afin de vaquer à ses occupations. |
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L' Osmie devient active quand la température ambiante oscille vers les 15° même si le temps est couvert. Cette abeille solitaire contribue à la pollinisation des arbres fruitiers au même titre que l'abeille domestique, avec la seule différence qu'elle disparaît au mois de mai après avoir assuré sa descendance qui naîtra au printemps prochain. |
L' Osmie arrive avec son chargement
de pollen et le place au fond du trou.
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Ensuite, elle sort, pivote, afin de tasser les provisions pour la larve avec son abdomen. Elle a encore des particules de pollen sur la tête.
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CHALICODOMA - Chalicodome des hangars
(Megachile)
Le Chalicodome est aussi une abeille maçonne
qui construit des nids en argile ou en résine
sous forme d'amas de cellules adhérant aux pierres ou autres.
Nid de Chalicodome des murailles (Chalicodoma muraria)
Nid construit à l'intérieur de mon garage sur un mur sous le toit.
Nid abandonné, on voit les trous de sortie sur le côté.
PARASITE des Osmies
Une petite mouche noirâtre "cleptoparasite" de la famille des drosophiles - dioptères - "Cacoxenus indagator" parasite l'osmie cornue, ainsi qu'un hyménoptère "Melittobia acasta" et... la mésange bleue ! (source : René COUTIN, OPIE)
Osmie cornue parasitée par "Chaetodactylmus osmiae"
minuscules araignées qu'elle transporte mais qui ne la parasitent pas intérieurement (phorésie).
Elle éprouve de la difficulté à se déplacer.
Sur un mur le 03.03.2012.
On voit souvent des petits acariens sur les bourdons, notamment les reines.
Ce sont des auto-stoppeurs inoffensifs qui voyagent entre les nids, les abeilles et les fleurs en s'accrochant aux bourdons.
Une fois dans le nid, ils effectuent des tâches ménagères utiles : nettoyer et décomposer les déchets produits par les bourdons.
Ce type d'acarien fait naturellement partie de la vie des bourdons et est très différent de l'acarien Varroa qui préoccupe les apiculteurs, il n'est donc pas nécessaire de les éliminer.
BUMBLEBEE Conservation Trust
*Autres parasites d' Osmia rufa et Osmia cornuta : Cacoxenos indagator (mouche), Ptinus sexmaculatus (scarabée), Monodontomerus obscurus (guêpe), Sapyga clavicorns (hyménoptère). Chaetodactylus osmiae (mite)
Voir la page spéciale sur l'abeille asiatique : Mégachile sculpturalis
Leucospis dorsigera un parasite des abeilles maçonnes.
Il dépose ses oeufs dans leur nid. 23.07.2012. 8-10 mm
Voir l'article qui lui est consacré
Une petite évolution ?
Un semblant de vie en communauté.
Les Osmies cornuta ne sont pas des hyménoptères vivant en communauté.
Mais lorsqu'ils sont réunis en un même emplacement comme dans des nids artificiels proposés par l'homme, ils vivent en bonne intelligence avec le seul petit inconvénient de ne pas trouver toujours tout de suite l'emplacement de leur alvéole particulière, il y a des hésitations !
Mais je me demande si, au fil du temps, ces abeilles solitaires ne vont pas participer entre elles, ce qui serait , logiquement, un compromis de l'évolution.
*2 mai 2006 à travers le verre opaque, la larve de l'osmie sur sa provision de nectar.
Un peu avant, en blanc, le bouchon pour obturer le nid.
Il y a encore un autre bouchon à l'entrée du trou G X 6 environ
* 24.10.2006 : à travers le verre très opaque, on devine un genre de nymphe et de minuscules pilules noires de déjections. Photo à venir si possible.
L' osmie, comme d'autres abeilles est une mère solitaire qui ne voit jamais sa progéniture mais seulement l'oeuf.
OSMIE CAERULESCENS
Elle ne découpe pas les feuilles en rondelle comme la mégachile, mais grignote les bords ou le parenchyme et laisse les nervures.
On dirait des feuilles attaquées par des chenilles.
Toutes les feuilles de mon bouquet de roses-trémières ont été dénudées ainsi !